Un plan d'action en faveur de la restauration et la sauvegarde du patrimoine culturel du Mali, en proie à un conflit armé, a été adopté, lundi soir à Paris, au terme d'une réunion internationale d'experts, organisée au siège de l'Unesco, dans la capitale française. "Le coût global de ce plan d'action qui couvrira le patrimoine culturel matériel et immatériel, est estimé entre 10 et 11 millions de dollars ", a précisé Bruno Maïga, ministre de la culture du Mali lors d'une conférence de presse animée au terme de cette réunion. Un compte spécial a été créé par la directrice générale de l'Unesco pour permettra aux gouvernements et donateurs privés à verser leurs contributions pour aider à l'effort de sauvegarde, a-t-il dit. Le ministre malien a également indiqué, qu'une mission d'experts sera dépêchée par la Directrice générale de l'Unesco au Mali " dès que les conditions de sécurité seront réunies dans le nord- Mali" pour entamer le travail d'évaluation des dégâts qui ont affecté ce patrimoine inestimable. Ce plan d'action est articulé autour de trois objectifs, a-t-il dit. Il s'agit d'abord de réhabiliter le patrimoine culturel matériel et immatériel endommagé, en "étroite collaboration" avec les communautés de Tombouctou, de Gao et de Kidal, qui le protègent depuis des siècles. Il sera ensuite question de mettre en place toutes les mesures permettant de sauvegarder "de manière durable" les manuscrits à Tombouctou, en menant des actions de numérisation et de concertation avec les détenteurs de ces manuscrits. Cette action sera menée avec la contribution des experts de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba Ahmed Baba de Tombouctou , des bibliothèques privées, du gouvernement malien, ainsi que de nombreux autres partenaires dont des Ong et gouvernements qui se sont engagés à apporter leur appui à l'Unesco, qui veille sur la préservation du patrimoine mondial. Lutter contre le trafic illicite des collections culturelles Enfin, il s'agira d'œuvrer au renforcement des structures de gestion de ce patrimoine, former le personnel sur la préservation de collections culturelles, lutter contre le trafic illicites de ces collections et apporter une aide aux communautés qui ont pris des risques importants pour protéger les manuscrits. A Tombouctou et Gao, les groupes islamistes armés ont en effet largement endommagé et détruit les sites de ce patrimoine mondial. Ils ont également cherché à détruire les remarquables bibliothèques du pays. Les collections de manuscrits de Tombouctou constituent un patrimoine inestimable d'environ 300 000 documents, dont beaucoup datent de l'âge d'or de la ville, du 12e au 15e siècles de l'ère chrétienne. Les sujets abordés dans ces œuvres couvrent un vaste éventail du savoir ancien : de la théologie aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l'architecture, ainsi que les pratiques ésotériques. L'Unesco s'est impliquée dans la préservation de ces manuscrits au fil des décennies et a contribué à la création de l'Institut des Hautes études et de Recherches Islamiques Ahmed Baba qui a ouvert ses portes en 1974 et, est devenu le plus grand référentiel de manuscrits anciens en Afrique de l'Ouest. En avril 2012, les groupes islamistes armés ont occupé et endommagé l'institut. Une grande partie de son équipement, y compris le matériel de numérisation a été détruit. Pire encore, avant de fuir les lieux, des groupes armés ont brûlé quelque 40 000 manuscrits de cet institut de référence.