Une réunion internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Mali se tiendra aujourd'hui au siège de l'Unesco, a indiqué cette organisation onusienne sur son site Internet. Au cours de cette journée, inscrite dans le cadre de la solidarité avec ce pays dévasté par le conflit armé qui y prévaut, les responsables du patrimoine culturel malien et des experts de l'Unesco, avec des responsables maliens, de pays voisins et de la France, examineront un projet de plan d'action pour la restauration des sites, vestiges et biens patrimoniaux de ce pays, notamment des manuscrits. Il est également prévu au programme une série de présentations et de discussions avec la participation des ministres de la Culture du Mali et de France, ainsi que des responsables du patrimoine culturel, des musées et des bibliothèques du pays. Cette rencontre fait suite à une visite au Mali de la directrice générale de l'Unesco, Mme Irina Bokova, qui a lancé des appels répétés en faveur de la préservation du patrimoine culturel de ce pays. L'Unesco s'est engagée à soutenir les efforts du Mali pour reprendre possession de son patrimoine, très sévèrement endommagé par les groupes islamistes armés qui occupaient une large partie du nord du pays. A Tombouctou et Gao, ces groupes islamistes armés ont en effet endommagé et détruit des sites, dont certains sont inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Ils ont aussi tenté de détruire les remarquables bibliothèques du pays. Les collections de manuscrits de Tombouctou constituent un patrimoine inestimable d'environ 300 000 documents, dont beaucoup datent de l'âge d'or de la ville, du 12e au 15e siècle. Elles comprennent des manuscrits écrits ou copiés localement, ainsi que des œuvres provenant de tout le monde musulman, d'Andalousie en Espagne, d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Ces œuvres couvrent un vaste éventail du savoir ancien : de la théologie aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l'architecture, ainsi que les pratiques ésotériques. Elles représentent collectivement un témoignage unique sur le passé culturel de la ville en tant que centre d'apprentissage et carrefour d'échanges commerciaux et culturels. Elles sont porteuses également de précieuses informations sur l'histoire précoloniale de l'Afrique musulmane. L'Unesco s'est impliquée dans la préservation de ces manuscrits au fil des décennies et a contribué à la création de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, inauguré en 1974 et devenu, depuis, le plus grand référentiel de manuscrits anciens en Afrique de l'Ouest. En avril 2012, les groupes islamistes ont occupé et endommagé l'Institut. Une grande partie de son équipement, y compris le matériel de numérisation, a été détruit. Pire encore, avant de fuir les lieux, les groupes islamistes ont brûlé quelque 40 000 manuscrits de cet Institut de référence, détruisant ainsi des pages d'histoire de la civilisation musulmane, qu'ils prétendent défendre. W. S.