Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) a porté mardi de vives critiques contre la justice marocaine quant aux conditions qui ont entouré le procès tenu par le tribunal militaire de Rabat à l'encontre des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik. Dans son point de presse, le porte-parole de cette agence de l'ONU, Rupert Colville, a affirmé que le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme était "préoccupé par le recours des autorités marocaines à un tribunal militaire pour juger et condamner les 25 civils sahraouis" mis en cause lors des évènements du camp de Gdeim Izik, proche de Laayoune dans le Sahara occidental occupé où ils avaient participé en novembre 2010 à l'organisation d'un camp de protestation pacifique. A ce propos, il a rappelé que tel que l'avait souligné le Comité des droits de l'homme de l'ONU, chargé de surveiller l'application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les pays membres, "le recours aux tribunaux militaires ou d'exception pour juger des civils soulève de sérieux problèmes quant à l'équité, l'impartialité et l'indépendance de l'appareil de justice". De surcroît, M. Colville s'est dit également "inquiet des rapports selon lesquels la plupart des accusés sahraouis ont été torturés ou maltraités pendant leur détention provisoire", relevant qu'aucune enquête sur ces allégations n'avait eu lieu. Pour le porte-parole du HCDH, "s'il était important que justice soit faite suite aux évènements du camp de Gdeim Izik, il était également important que les procédures judiciaires soient scrupuleusement respectées selon les normes internationales d'équité des procès". Il est à rappeler que le tribunal militaire de Rabat avait condamné, dimanche dernier, neuf prévenus sahraouis à la réclusion à perpétuité, quatre à 30 ans de prison, huit à 25 ans, deux à 20 ans d'emprisonnement et deux autres prévenus à la peine correspondant à la durée de la détention préventive qui a duré 27 mois. Selon plusieurs rapports, les accusés sahraouis ont déclaré à plusieurs reprises, lors de leurs deux années de détention provisoire, qu'ils avaient été régulièrement soumis à la torture, dont la violence sexuelle, afin de les contraindre à faire de faux aveux.