l'agriculture algérienne et être au diapason des évolutions agronomiques dans le monde, a indiqué son directeur, M. Chérif Omari. "L'Agriculture en général, les techniques ainsi que l'agroalimentaire et la technologie évoluent dans le monde. Pour suivre tout ça, il faut repenser le programme de formation des ingénieurs", a déclaré, M. Omari à l'APS, en marge de la grande exposition du secteur de l'Agriculture organisée à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance. Le nouveau profil vers lequel se dirige l'ENSA doit être "transversal et pluridisciplinaire" ouvert sur le monde socioprofessionnel. "On veut avoir un ingénieur transversal, c'est dire systémique qui peut intervenir sur le végétal, sur l'animal et sur la gestion. Il doit aussi être en mesure de répondre aux soucis d'un exploitant et d'un industriel comme cela se fait dans le reste monde", a détaillé ce responsable. La nouvelle approche de l'école consiste à connecter les ingénieurs à l'entreprise, et ce, en intégrant dans le cursus des charges attribuées à des techniciens, des managers du monde socioéconomique. Ces derniers "doivent venir intervenir même dans les cours pour ramener la réalité du système de production qui se pose au niveau national et dans différentes régions et différents secteurs", a détaillé M. Omari, chercheur également économiste. L'ouverture de l'école sur l'entreprise permettra aussi de prendre en charge les problèmes liés à la production et les traduire sous forme de problématiques de recherche et de thèmes de mémoire ainsi que de garantir l'employabilité aux ingénieurs formés. A cet effet, l'école est en train de mettre en £uvre des conventions avec de grandes entreprises publiques et privées et de s'ouvrir sur les technologies mondiales en travaillant avec des écoles étrangères, a-t-il fait savoir. Réduire la dépendance alimentaire en ligne de mire de l'ENSA Outre son ambition d'être une plate forme d'échanges en matière de formation et de recherche, l'ENSA est appelée à contribuer à l'amélioration des rendements agricoles et des conditions de vie des populations rurales. "Les chercheurs de l'école et ceux d'autres instituts doivent fédérer leurs efforts pour faire face aux nombreux défis de l'agriculture algérienne dont l'épineux problème de la dépendance alimentaire", estime M. Omari. L'Algérie importe l'essentiel des produits de base, soit environ 60% notamment les céréales, le lait et les matières grasses, selon cet chercheur en agroalimentaire. "Dans un monde à hauts risques où on peut appliquer l'embargo, on doit penser à assurer une souveraineté alimentaire qui signifie une amélioration de l'autosuffisance alimentaire, sachant qu'on ne peut pas produire tout pour des raisons climatiques", a-t-il précisé. S'ajoutent à cela la superficie agricole limitée (8,5 millions d'ha, soit 3% de la superficie totale du pays) et le manque d'eau, un problème majeur qui s'aggravera avec les changements climatiques. "Face à ces problèmes, la recherche est appelée à donner des solutions pour améliorer nos rendements qui sont très loin des potentialités existantes", affirme M. Omari. La recherche peut donner des solutions : agir par unité de surface, c'est dire, par une intensification raisonnée, jouer sur la fertilité des sols, améliorer les systèmes d'irrigation, jouer sur la géni génétique, c'est dire, avoir une plante qui résiste, consomme moins d'eau et qui a bon rendement, explique ce chercheur. Il s'agit aussi d'améliorer les races animales locales et leurs performances au niveau de la production, l'objectif étant d'améliorer les rendements en préservant les ressources naturelles. "Cela demande un personnel humain hautement qualifié", a-t-il soutenu. Pour réussir ce chalenge, M. Omari préconise le "décloisonnement" de la recherche, c'est à dire mobiliser les compétences algériennes dans tous les secteurs possibles mais pas uniquement du secteur de l'agriculture. "Il faut appeler aussi les chercheurs de la diaspora qui sont en train de faire les beaux jours des grands laboratoires mondiaux", a-t-il dit.