La République démocratique du Congo (RDC) et les pays voisins ont signé dimanche à Addis-Abeba un accord cadre destiné à ramener la paix dans l'Est congolais et dans la région des Grands lacs. L'accord vise à remédier aux "causes profondes des violences récurrentes" en RDC et prévoit un renforcement des capacités de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), et un engagement des Etats de la région des Grands Lacs à "ne soutenir, financer ou abriter aucun groupe armé ou individu contribuant à déstabiliser" l'est congolais. Il encourage également une série de réformes en vue de l'instauration d'un Etat de droit dans l'Est de la RDC où les institutions gouvernementales sont particulièrement faibles. Il stipule aussi que le Conseil de sécurité de l'ONU resterait saisi de l'importance d'un soutien à la stabilité à long terme de la RDC et de la région des Grands lacs. L'accord vise aussi à ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats voisins et à renforcer la coopération régionale, et prévoit, en outre, la nomination d'un envoyé spécial des Nations unies en vue de soutenir les efforts pour trouver des solutions durables avec un plan à plusieurs volets qui permettra la convergence de toutes les initiatives en cours, ainsi que la mise en place d'un mécanisme de suivi régional impliquant les dirigeants des pays de la région. Ce Mécanisme ''11+4'' se réunira régulièrement pour passer en revue les progrès dans la mise en £uvre des engagements régionaux dans le respect de la souveraineté des Etats concernés. Initialement prévue le 28 janvier dernier lors du sommet de l'Union Africaine à Addis-Abeba, la signature de l'accord de paix a été reportée pour des "raisons de procédures". L'ONU, l'Union africaine (UA) et les présidents de la Conférence internationale sur la région des grands lacs et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) ont également signé cette entente en qualité de garants. Les présidents de la RDC, d'Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de la Tanzanie ont fait le déplacement à Addis-Abeba en vue de signer cet accord, en plus des représentants d'Ouganda, d'Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie. Le Rwanda et l'Ouganda, en particulier, ont été accusés de soutenir le mouvement rebelle congolais, "le M23", qui a brièvement conquis la principale ville de l'Est de la RDC à la fin de l'an dernier, Goma, avant d'accepter de s'en retirer en échange de l'ouverture de négociations avec le gouvernement. Les deux pays démentent une telle implication en RDC. Le président congolais, Joseph Kabila, a affirmé que cet accord dénote la volonté de mettre fin à une situation déplorable et un engagement collectif d'écrire une nouvelle page de l'histoire de la région, rappelant que des millions de ressortissants de la région des grands lacs ont perdu la vie au cours des vingt dernières années. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a assuré quant à lui que les rebelles sévissant à l'est de la RDC avaient bénéficié d'une "aide extérieure" et a prévenu que le conflit risquait de s'embraser à nouveau. Le dernier rapport de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité de l'ONU sur la RDC ne mentionne toutefois explicitement aucun pays susceptible d'avoir aidé les rebelles du M23. Ban Ki-moon, qui était présent à la cérémonie de signature de l'accord à Addis-Abeba, a salué cet acquis tout en soulignant "qu'il ne s'agit que du début d'une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu" de la part des pays de la région, pour apaiser cette zone riche en ressources minières et mise à mal par de nombreuses rébellions". Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la RDC, Roger Meece, avait alerté dernièrement le Conseil de sécurité de la détérioration continue des conditions de sécurité dans l'est de la RDC, plaidant pour un renforcement des moyens militaires accordés à ses Casques bleus. Sur le terrain, le M23 a maintenu des positions militaires importantes aux abords de Goma et semble toujours ''bien équipé, approvisionné et armé'' et continue de mener des patrouilles ou autres opérations près de Goma où l'atmosphère, tendue, pourrait se transformer en un conflit ''à grande échelle'', selon le représentant onusien, qui avait prévenu que des troubles menaçaient plusieurs provinces, et que la MONUSCO avait peu de latitude pour y réagir. La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) avait récemment annoncé, à l'issue d'un sommet extraordinaire à Maputo, le déploiement prochain d'une force de maintien de la paix en RDC pour combattre la rébellion dans l'est du pays. Les responsables de la SADC ont décidé que cette force de 4.000 hommes aurait sa propre structure de commandement et ses propres règles d'engagement même si hiérarchiquement elle répondra aux Nations unies. Les 17.000 hommes de la Monusco n'ont pas l'autorisation de combattre. Les hommes du M23 (mouvement du 23 mars, en référence à la date de signature de l'accord de 2009) se sont mutinés en avril et combattent depuis l'armée de RDC dans la riche province minière congolaise du Nord-Kivu (Est). L'une de leurs grandes revendications est précisément une meilleure application de l'accord de 2009. Cet accord prévoyait notamment des affectations géographiques, des grades militaires pour les ex-rebelles, qui, disent-ils, ne se sont pas matérialisés.