Le maire de Paris, Bertrand Delanoê, a rejeté mardi tout bienfait du colonialisme, appelant le président François Hollande à l'ouverture "totale" des archives sur la période coloniale. "Il n'y a pas de colonialisme avec des effets heureux", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie d'inauguration, dans le 13ème arrondissement de Paris, d'une place Farhat Hachad, responsable politique et syndicaliste tunisien assassiné en 1952 par l'organisation terroriste "la Main rouge". Tout en signalant que le colonialisme est synonyme de domination économique et politique d'un peuple sur un autre, "ce qui n'est jamais légitime", il a rappelé que Farhat Hachad "n'est pas mort par hasard". Il (Hachad) "est mort assassiné par le colonialisme", a-t-il lancé, appelant, à cette occasion, à l'ouverture "totale" des archives sur le passé colonial de la France. "Au nom de Paris, je demande avec amitié mais avec gravité et détermination, au président François Hollande et au gouvernement de Jean-Marc Ayrault d'ouvrir totalement les archives" sur le passé colonial de la France, a réclamé l'élu socialiste, exigeant la "vérité" sur l'assassinat du fondateur de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Il a dit "attendre ce que nous révélera l'ouverture de ces archives", signalant que Hachad "a été assassiné par l'extrême droite, par le colonialisme français", et que l'inauguration d'une place en son nom en plein centre de la capitale française est un "geste de réparation". Auparavant, le fils aîné du défunt syndicaliste, Noureddine Hachad, a appelé l'Etat français à "faire toute la lumière sur les assassins" de son père. "De cette tribune, je voudrais, encore une fois et solennellement, adresser un appel à l'Etat français de reconnaître la responsabilité de l'Etat colonial français dans l'assassinat de Farhat Hachad et de son implication dans toutes les exactions commises durant la période coloniale à l'encontre du peuple tunisien de 1881 à 1956", a-t-il affirmé, regrettant qu'à ce jour, les gouvernements français se refusent à faire la lumière totale sur ce dossier, "prétextant comme toujours le secret défense !". Lors d'une conférence de presse lundi, Noureddine Hachad avait annoncé que le dossier relatif à l'assassinat de son père venait d'être porté devant la Cour européenne de justice. "Après avoir été déboutés en France à trois reprises y compris en cassation, nous avons décidé de porter l'affaire devant la Cour européenne de justice", a-t-il dit, regrettant d'avoir à emprunter un tel parcours. Considérée comme un dossier clos en 1956 et frappée d'imprescriptibilité depuis 1976, l'affaire de l'assassinat le 5 décembre 1952 du fondateur de l'UGTT a été relancée en 2009 suite aux déclarations publiques du présumé exécutant du crime, membre de "la Main rouge", Antoine Melero, qui avait revendiqué l'attentat dont a été victime Farhat Hachad. Suite à ces propos, la famille Hachad et l'UGTT, d'une part, la LDH et la FIHD, d'autre part, se sont constituées partie civile pour ester, mais en vain, en justice Aintoine Melero pour "apologie de crimes de guerre", sur la foi d'une disposition de la loi sur la liberté de la presse de 1821.