La situation de plusieurs milliers de réfugiés et de migrants tchadiens actuellement bloqués à quatre postes frontières, devient de plus en plus précaire, à l'approche de la saison des pluies qui doit débuter ce mois, a indiqué jeudi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Quelque 25 000 migrants tchadiens sont aujourd'hui bloqués à Tissi, à la frontière est du Tchad avec le Soudan, après avoir fui les affrontements inter-communautaires entre deux tribus arabes, les Misseria et les Salamat, concernant les mines d'or de Djabal-Amir, dans la région soudanaise du Darfour, a précisé l'agence dans un communiqué. "Les affrontements, qui ont débuté en janvier, se sont propagés aux villages isolés de la région et plusieurs groupes criminels, notamment la milice des Janjawid, ont profité de la situation en attaquant et en pillant les propriétés des mineurs, principalement tchadiens", selon la même source. "D'ici peu, les combats au Darfour pourraient accroître le flux de réfugiés soudanais et de migrants tchadiens de retour du Soudan", a relevé l'OIM, estimant d'après les premières informations, que "quelque 450 Tchadiens rapatriés de République centre-africaine (RCA) à Tissi nécessitent une aide d'urgence". "Nous avons abandonné notre maison car nous avons dû sauver notre peau. Notre père a été tué. Nos biens ont été brûlés", a déclaré l'une des victimes des affrontements au Darfour à l'OIM, citée dans le communiqué. L'OIM au Tchad a entrepris l'enregistrement des Tchadiens rapatriés à Tissi et d'établissement de leur profil "afin de déterminer le nombre exact de rapatriés du Soudan et de RCA et d'évaluer leurs besoins respectifs", a indiqué l'agence, précisant que "ces données seront transmises au gouvernement et aux organisations humanitaires, notamment au Programme alimentaire mondial (PAM)". Selon l'OIM, un autre flux de migrants se déploie à la frontière nord du Tchad avec la Libye, où l'OIM a été informée, la semaine dernière, de l'arrivée soudaine de quelque 2 000 Tchadiens vulnérables à Wour, dans la région du Tibesti. "Les migrants ont récemment été libérés des centres de détention en Libye et sont arrivés démunis. Cette année, l'OIM a déjà aidé environ 1 600 migrants tchadiens rapatriés de Libye", a-t-on expliqué. L'OIM a lancé à cet égard, un "appel urgent" de 4 millions de dollars afin de répondre aux besoins humanitaires urgents des migrants rapatriés de Libye, de RCA, du Soudan et du Nigeria, qui se trouvent actuellement bloqués aux points d'entrée, à la frontière tchadienne, selon la même source.