Le cinéma algérien traverse une "situation critique" en raison notamment de l'absence d'espaces propices et de moyens matériels et financiers pour le promouvoir, ont déploré jeudi des comédiens présents au "Panorama du cinéma révolutionnaire", ouvert mercredi à la maison de la culture Ali Zamoum de Bouira. Cette situation remonte aux années 90 après notamment la dissolution de l'Entreprise nationale de production audiovisuelle (ENPA), qui prenait en charge les travaux cinématographiques de l'époque, ont expliqué MM. Hacène Benzerrari et Mohamed Adjaimi dans des entretiens distincts accordés à l'APS. Selon ces deux comédiens, la dissolution également du Centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographique (CAAIC) a provoqué une anarchie dans le secteur et depuis le cinéma algérien "ne va pas bien en raison aussi du manque de moyens matériels et financiers", ont-il ajouté. L'autre problème crucial pour le cinéma algérien est celui de la formation dans tous les secteurs, du réalisateur au projectionniste, ont-ils relevé. M. Benzerrari, principal acteur dans le film "Patrouille à l'est", du réalisateur Ammar Laskri, a fait un constat "amer" sur la situation actuelle du cinéma algérien qui risque, selon lui, de "disparaître s'il n'y a pas une intervention urgente de l'Etat et du ministère de la Culture". "A l'époque, le seul producteur était bien l'Etat. Et cela a permis aux réalisations cinématographiques d'être rentables et de grande qualité", a-t-il rappelé, déplorant qu'il n'y ait pas actuellement de " volonté politique claire et réelle" pour permettre un saut qualitatif au cinéma algérien. "C'est à l'Etat de développer ce secteur, et c'est au ministère de la Culture et non pas aux Assemblées populaires communales (APC) de prendre en charge, par exemple, la gestion des salles de cinéma à travers le pays", a-t-il insisté, tout en déplorant "la fermeture de plusieurs salles de cinéma transformées en salles de fête ou en pizzeria". "Il n'existe actuellement que 17 cinémathèques qui sont fonctionnelles au niveau national alors qu'à l'époque il y avait plus de 450 salles", a regretté le comédien. M. Benzerrari prépare un autre film sur la Révolution intitulé "Guetatcha" en tournage à M'sila. "J'espère que ce film sera projeté dans des salles de cinéma à travers tout le pays pour permettre aux jeunes de voir, d'admirer et d'aimer le cinéma". Pour l'actrice Bahia Rachedi et le réalisateur Hattab Benyoucef, qui ont donné leur avis sur cette question, "il faut qu'il y ait une volonté politique pour remettre le cinéma sur les rails". M. Hattab a indiqué, à ce propos lors d'une conférence de presse, que "c'est pour cela que nous avons décidé de créer l'association culturelle cinématographique "Lumières", qui nous permet de produire des films et préserver tout le matériel cinématographique dont des caméras et des projecteurs, entre autres". Les deux comédiens ont ainsi appelé les autorités concernées à prendre en charge cet important secteur "à travers lequel nous pourrons apprendre aux jeunes générations notre histoire et notre identité et de raconter au monde entier notre noble guerre de libération", ont-ils souligné. A propos du film révolutionnaire, les quatre comédiens étaient unanimes à souligner "l'extrême importance de produire beaucoup de films historiques et sur la Révolution du 1er Novembre 1954". "Notre guerre pour la libération de l'Algérie est si sacrée que nous nous faisons un devoir de valoriser davantage, au travers le cinéma et la télévision, le noble combat mené par les valeureux martyrs", ont-ils ajouté. "Il y a très peu de films traitant de révolution algérienne et c'est le moment d'en produire beaucoup", ont conclu l'actrice Bahia Rachedi et le réalisateur Hattab Benyoucef. Ces quatre figures du cinéma algérien ainsi que le comédien Sid Ali Kouiret et le réalisateur Amar Laskri ont été honorés mercredi à Bouira à l'occasion de l'ouverture du "Panorama du cinéma révolutionnaire" qui se poursuivra jusqu'à dimanche prochain. Dans la soirée de jeudi, le film "L'Opium et le bâton" du réalisateur Ahmed Rachedi sera projeté à la salle de la maison de la culture.