Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son homologue du Soudan Omar el-Béchir se sont entretenus lundi en vue d'apaiser les tensions après l'incident ayant coûté la vie à un chef tribal et un Casque bleu samedi dans la région contestée d'Abyei, alors que l'ONU et l'Union africaine (UA) ont appelé à la retenue. "Notre président a été en contact direct avec le président Béchir (...) ils ont échangé leurs points de vue sur ce triste événement", a déclaré le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin à la presse. L'incident est survenu samedi lorsque le chef de la tribu "des Dinka", Kual Deng Majok, a été tué "après avoir été attaqué par la tribu des Misseriya" (arabes nordistes), selon un responsable des Dinka. Sa mort a été confirmée par les Misseriya. Selon Khartoum, des membres de la tribu des Misseriya ont également été tués lors de la confrontation, alors qu'un habitant a parlé de cinq morts. L'ONU a, pour sa part, annoncé qu'un Casque bleu éthiopien avait été tué et deux grièvement blessés "dans une embuscade tendue par un assaillant de la tribu des Misseriya contre leur convoi", dans lequel se trouvait le chef des Dinka. Juba et Khartoum ont tous deux condamné cette attaque, la plus grave depuis le retrait en mai 2012 des forces soudanaises d'Abyei. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a condamné cet "incident isolé" et a dit espérer qu'il n'affecterait pas ses relations avec le Soudan du Sud, tandis que le porte-parole de l'armée sud-soudanaise a également condamné ces violences. L'Union africaine (UA), qui assure une médiation entre les deux pays, a appelé les deux parties à "faire en sorte que la situation actuelle ne dégénère pas hors de tout contrôle". Le secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part exhorté les deux pays à la retenue et à "éviter toute escalade". Il a demandé "aux gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud" ainsi qu'aux deux tribus rivales des Dinka et des Misseriya "de rester calmes et d'éviter toute escalade". Lundi, Mohammed Al-Ansari, un chef de la tribu des Misseriya, région dominée par les Dinka, a annoncé qu'"Abyei est calme mais toutes les parties sont sur le qui-vive et prêtes à toutes les éventualités". "Il semble que les Dinka sont très en colère", a affirmé un habitant qui a fait état d'incendies dans le centre-ville où des Misseriya possèdent de petits commerces. Les Casques bleus ont instauré un couvre-feu et des barrages pour restreindre les mouvements de la population et prévenir les rassemblements, a-t-il ajouté. Le coordinateur des questions humanitaires pour le Soudan du Sud, Toby Lanzer, a indiqué sur le réseau social Twitter que les Casques bleus "multipliaient les patrouilles pour maintenir le calme". Par ailleurs, le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, a estimé que cet affrontement meurtrier montrait que la Force onusienne de maintien de la paix à Abyei (Fisnua) avait besoin de renforts. La Fisnua compte 4.000 hommes et elle est la seule autorité de la région. La région pétrolifère d'Abyei, située à la frontière entre les deux pays, a été ravagée par plusieurs épisodes guerriers et son statut constitue l'une des questions les épineuses parmi celles qui empoisonnent les relations entre Khartoum et Juba. Le statut de la région d'Abyei peinent déjà depuis plusieurs mois à résoudre d'autres différends frontaliers et pétrolier non résolus par "l'Accord de paix global" ayant mis fin en 2005 à plus de 30 ans de guerre civile et débouché en juillet 2011 sur l'indépendance du Soudan du Sud.