Les participants au colloque international sur le 8 mai 1945, ouvert mercredi à Guelma, ont estimé que les "témoignages vivants" et les "documents historiques tirés des archives françaises" ont contraint l'ancien occupant à "orienter son discours politique vers la reconnaissance d'une partie de ses crimes en Algérie". Dans son intervention à l'ouverture de cette rencontre de deux jours, placée sous le thème "Les massacres du 8 mai 1945, entre reconnaissance politique et vérités historiques", Youcef Kacemi, de l'université de Guelma, a mis l'accent sur la "grande réserve" dont a longtemps fait preuve la France "à propos de sa mémoire historique commune avec l'Algérie". Il a ajouté qu'"aujourd'hui, la position officielle française affiche une évolution notable vers la reconnaissance des crimes coloniaux perpétrés à l'endroit du peuple algérien". Entamée sous l'ancien président Nicolas Sarkozy, cette orientation vers la reconnaissance est "plus manifeste depuis l'arrivée au pouvoir du président François Hollande", a encore souligné M. Kacemi. Pour cet universitaire, la reconnaissance des exactions coloniales en Algérie demeure "une des grandes questions posées entre les deux pays eu égard aux implications politiques, morales et juridiques découlant d'une reconnaissance officielle". De son côté, M. Medjeri Abdelkrim, de l'université de Manouba (Tunisie) a affirmé que le processus colonial "n'est point arbitraire, mais précédé toujours d'une démarche préméditée produisant les alibis lui permettant de se justifier". Cet universitaire a souligné, à ce propos, qu'un black-out a été observé sur les massacres du 8 mai 1945 en Algérie dont les premières informations n'étaient parvenues en Tunisie que les 16 et 17 mai "à travers le prisme de la propagande et de l'intox du ministère de l'Intérieur français faisant état d'attaques armées à Sétif et Guelma contre des colons français fêtant la victoire des alliés sur le nazisme". La séance de l'après-midi de ce colloque a été consacrée à la marche qui emprunte traditionnellement le même itinéraire suivi par les manifestants civils un certain mardi 8 mai 1945 à Guelma depuis la cité El-Karmat jusqu'à l'actuelle Place du 8-Mai 1945. Des communications seront présentées au cours de cette rencontre académique par des chercheurs venus des universités de Tlemcen, de Sétif, d'Annaba, de M'sila et de Guelma ainsi que de Tunisie et du Maroc.