Les représentants d'une centaine de pays prennent part, mardi à Bruxelles, à une Conférence internationale des donateurs sur le Mali, visant à contribuer à la reconstruction de ce pays du Sahel, fragilisé par une crise sécuritaire et humanitaire depuis 2012, et accompagner le processus de stabilisation tant sur le plan politique qu'en matière de développement. Co-présidée par les présidents malien par intérim Diancounda Traoré, français François Hollande et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, cette conférence internationale doit réunir plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que des représentants de niveau ministériel ayant décidé de s'engager concrètement. Les promesses de contributions s'élèvent à 1.9 milliard d'euros, affirme mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. "La sécurité a été dans l'ensemble établie. Il faut maintenant la démocratie, le dialogue et le développement, cela va ensemble. Et pour cela nous avons besoin d'argent", souligne-t-il tout en mettant l'accent sur "le développement économique". Lundi, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé ses 57 Etats membres à contribuer "généreusement" à cette conférence pour aider à instaurer une paix durable dans ce pays. Cet appel a été lancé par le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsaboglu, à l'ouverture d'une réunion de l'organisation islamique sur le Mali. Après la présentation par le gouvernement malien des priorités de développement pour 2013-2014, la conférence exprimera son soutien à la stratégie de relance du Mali et enregistrera les engagements financiers de la communauté internationale et des institutions financières internationales. La conférence sera clôturée par la signature de plusieurs conventions de financement. Une situation humanitaire fragile dans l'attente d'une présidentielle En dépit de la reconquête des régions du Nord du Mali par la coalition militaire franco-africaine, et la fin des opérations militaire majeures, la situation humanitaire demeure fragile dans ce pays du Sahel. Sur plus de 400.000 réfugiés et déplacés internes, seuls 14.000 sont rentrés chez eux, selon le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, OCHA. La plupart de ceux qui sont encore dans leur milieu d'accueil évoquent des raisons sécuritaires et économiques, indique Aurélien Agbénonci, coordonnateur humanitaire des Nations unies au Mali. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait fait état au mois de mars dernier de plus de 270.000 personnes déplacées à l'intérieur du Mali alors que plus de 170 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins notamment le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. La situation alimentaire est particulièrement préoccupante avec un ménage sur cinq se trouvant confronté à des pénuries alimentaires sévères dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal situées au nord du pays, a relevé le PAM. Les attaques, la présence d'engins non-explosés, et d'autres actes de violences limitent l'acheminement de l'assistance humanitaire. Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) avait averti contre un manque "cruel" de fonds pour l'aide humanitaire pour les populations maliennes. Selon le porte-parole du HCR à Genève, Adrian Edwards, l'agence a besoin de 144 millions de dollars pour une aide alimentaire, sanitaire et en matière d'éducation. Au niveau sanitaire, une épidémie de rougeole est signalée dans la région de Gao et Kidal avec un 38 cas avérés. Les centres de santé fonctionnels restent mal équipés, quand ils ne manquent pas de personnel soignant. Les travailleurs humanitaires disent craindre une épidémie de choléra pendant la saison des pluies. Par ailleurs, on note que seulement 37% des élèves ont pu reprendre le chemin de l'école dans les régions de Gao et de Tombouctou. Aucune école n'est ouverte dans la région de Kidal. Pour satisfaire tous ces besoins, les Nations unies ont lancé un appel de fonds de 114 million de dollars, soit environ 57 milliard de francs CFA. Seulement 28 % de financement est acquis, selon un communiqué de l'OCHA. Sur le plan politique, aucune date précise n'a encore été fixée pour le scrutin présidentiel au Mali où un coup d'Etat militaire avait renversé en avril 2012 le régime du président Amadou Toumani Touré. Les autorités de transition de Bamako se sont engagées à organiser une présidentielle en juillet sous la pression de la communauté internationale, en particulier de la France dont l'armée est intervenue il y a plus de trois mois, dans le cadre d'une coalition internationale qui a quasiment chassé du Nord les terroristes qui ont occupé cette partie en 2012.