Le bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA - acronyme anglais pour Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) vient de faire le point sur la situation humanitaire au Mali à la mi-février 2013. Dans un document rendu public cette semaine, cet organisme, rattaché au secrétariat général des Nations unies, alerte notamment sur le fait que près de 4,3 millions de personnes ont besoin en urgence d'une assistance. Mopti, Ségou, Gao et Kidal sont les régions où, indique-t-on, la situation est la plus critique. Et à cause particulièrement de l'insécurité persistante, les conditions liées à la sécurité alimentaire continuent à se détériorer quotidiennement dans le nord du pays. Les opérations militaires, les incidents liés aux mines et la violence accrue des groupes armés continuent en effet de créer un contexte opérationnel très volatile. Les agences onusiennes rencontrent, en tout cas, les pires difficultés pour accéder aux populations en détresse. La route Mopti-Gao reste fermée au nord de Douentza, même si le gouverneur de Mopti a ouvert la route Douentza-Sévaré à la circulation de jour. Les plans d'approvisionnement transfrontaliers du Nord par le Niger sont retardés en raison de l'insécurité à Gao et Ménaka. La frontière algérienne demeurant officiellement fermée, il n'est pas possible pour l'heure également d'acheminer des aides humanitaires à partir de Tamanrasset. Seul point positif : le PAM et ses partenaires sont parvenus ces derniers jours à déplacer des convois d'aide humanitaire de Mopti à Tombouctou. Parallèlement aux aspects inhérents à la sécurité alimentaire, il existe au Mali de sérieuses préoccupations en matière de protection des droits de l'homme. Ces craintes se sont exacerbées surtout depuis qu'il a été établi que dans le nord du Mali, l'armée malienne a régulièrement recours à la torture et au meurtre contre les suspects de soutien aux groupes islamistes armés (lire les articles consacrés à ce sujet dans notre édition d'hier). S'agissant de la question des réfugiés, OCHA mentionne dans son rapport que près de 6600 déplacés internes (PDIs) restent concentrés à Tinzaouatine, près de la frontière algérienne. A ce chiffre s'ajoutent les 14 242 personnes déplacées en janvier. Jusqu'à présent, les retours restent extrêmement limités. En revanche, 93% des PDIs localisés à Bamako et à Koulikoro ont signalé, lors d'une enquête récente, leur intention à terme de rentrer. La carte réalisée par les services d'OCHA pour illustrer cet état de fait fournit d'importants chiffres relatifs au nombre total des réfugiés, aux nouveaux déplacés internes identifiés dans le centre et le sud du Mali. Il fait également le point sur les priorités qui restent à mener, à savoir l'accès des populations à l'aide humanitaire, leur protection et le financement des opérations. Au plan des financements justement, l'on indique que seuls 10 millions de dollars ont été versés dans le cadre du CAP Mali 2013 (procédure d'appel consolidé), sur les 373 millions de dollars nécessaires. Bien évidemment, ces 10 millions de dollars apparaissent bien dérisoires lorsque l'on sait l'étendue de la catastrophe humanitaire malienne.