Le président syrien Bachar al-Assad a nié que l'armée syrienne utilise des armes chimiques contre la rébellion, et il a exclu de démissionner, dans une interview accordée à deux médias argentins et publiée samedi. Dans un entretien à l'agence de presse officielle argentine Telam et au quotidien Clarin, le président Assad estime que les informations de sources occidentales sur de possibles attaques aux armes chimiques des forces gouvernementales servent à préparer les opinions publiques à une intervention militaire contre la Syrie. "Les accusations contre la Syrie concernant l'utilisation d'armes chimiques ou les déclarations concernant ma démission changent tous les jours. Et il est probable qu'il s'agit d'un prélude à une guerre contre notre pays", a déclaré le président Assad, dans cet entretien réalisé à Damas à une date non précisée. "On a dit que nous utilisions des armes chimiques contre des zones résidentielles. Si ces armes étaient utilisées contre une ville ou un faubourg, avec un bilan de dix ou vingt victimes, serait-ce crédible ?", a demandé le président syrien, avant de répondre par la négative. "Leur utilisation signifierait la mort de milliers ou de dizaines de milliers de personnes en quelques minutes. Qui pourrait cacher une pareille chose ?", a insisté M. Assad. Mercredi, un haut responsable américain avait annoncé que des armes chimiques auraient été utilisées "en faibles quantités" à deux reprises dans le conflit syrien, quelques jour après que le secrétaire d'Etat américain John Kerry eut déclaré que les Etats-Unis pensaient détenir une "preuve solide" de l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien. Jeudi, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon a appelé Damas à laisser les experts de l'ONU enquêter en Syrie afin de vérifier des accusations sur l'utilisation de ces armes dans la guerre opposant le pouvoir aux rebelles. Damas a toujours réfuté ces accusations, se déclarant prêt à accueillir la commission d'enquête de l'ONU. C'est toutefois la première fois que le président Assad s'exprime sur cette question. Par ailleurs, le président syrien a déclaré ne pas envisager de démissionner. Interrogé sur des propos de John Kerry, qui lui a demandé de se mettre à l'écart, M. Assad a exclu cette possibilité. "Démissionner, ce serait fuir", a-t-il dit. "Je ne sais pas si Kerry ou un autre a reçu du peuple syrien le pouvoir de parler en son nom sur la question de savoir qui doit partir et qui doit rester. "Cela, c'est le peuple syrien qui le déterminera lors de l'élection présidentielle de 2014", a déclaré M. Assad. Le président syrien a dit "bien accueillir" l'accord entre la Russie et les Etats-Unis sur la Syrie, même s'il doute de ses résultats éventuels. Russes et Américains se sont entendus début mai pour inciter le régime syrien et les rebelles à trouver une solution politique au conflit, et pour encourager l'organisation "au plus vite" d'une conférence internationale sur la Syrie. "Nous avons bien accueilli le rapprochement americano-russe et nous espérons que cela débouchera sur une conférence internationale pour aider les Syriens à surmonter la crise", a-t-il dit selon. Il a toutefois ajouté que "de nombreux pays occidentaux ne voulaient pas d'une solution en Syrie. Et nous ne pensons pas que les forces qui soutiennent les terroristes souhaitent une solution à la crise". M. Assad a d'autre part mis en doute le bilan de dizaines de milliers de morts avancé par les organisations de défense des droits de l'homme, s'interrogeant sur "la crédibilité de ces sources".