Washington et Moscou ont entériné un plan de paix, le 30 juin 2012 à Genève. Préparé par l'ancien médiateur international, Kofi Annan, celui prévoyait la formation d'un gouvernement de transition à Damas, « sur la base d'un consentement mutuel ». Depuis, les deux capitales restent divisées sur le sort du président Bachar al-Assad. Au Conseil de sécurité, les deux pays n'arrivent pas à rapprocher leurs positions. Les Russes ont opposé, à trois reprises, leur veto à des projets de résolution américains condamnant la répression des manifestations et imposant des sanctions au gouvernement syrien. « Nous devons aller au delà des engagements formels pour déterminer s'il est possible de construire quelque chose de concret », déclare l'entourage du secrétaire d'Etat américain. Selon Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche, Kerry tentera de convaincre les responsables russes, Vladimir Poutine y compris, de « se distancer » du régime de Damas et de soutenir la transition politique en Syrie. « Le soutien russe au régime d'Al Assad ne correspond ni aux intérêts du peuple syrien ni à ceux d'autres pays », dit-il. Moscou ne compte pas plier devant Washington. Lavrov a émis le vœu de voir son homologue américain tenir des propos « plus corrects » sur les positions de la Russie. « Moscou, qui est très préoccupée par les derniers raids israéliens sur Damas, n'a jamais soutenu le régime syrien. Elle ne cherche qu'à promouvoir la mise en œuvre des ententes de Genève », dit-il. Comme la plupart des observateurs, Lavrov s'interroge sur la volonté américaine à trouver une solution politique au conflit syrien. Lundi, le sénateur démocrate, Robert Menendez, président de la Commission des relations étrangères du Sénat, a déposé un projet de loi visant à fournir des armes aux groupes rebelles syriens. De nombreux élus, dont le républicain John McCain, ont appelé à fournir des armes aux rebelles. Citant des sources ayant participé aux rencontres, le New York Times révèle, dans son édition d'hier, que des discussions secrètes ont lieu sur une intervention en Syrie entre Washington, Paris et Londres. Barack Obama a annoncé, la semaine dernière, qu'il réévaluait les « options » disponibles, après avoir reconnu que des armes chimiques avaient vraisemblablement été utilisées en Syrie. L'ONU fait machine arrière Contre toute attente, la Commission d'enquête de l'ONU désavoue les déclarations de Carla del Ponte, le procureur suisse, sur l'utilisation du gaz sarin par les rebelles syriens. Elle estime que les éléments recueillis ne sont pas assez concluants.« En conséquence, et, à ce jour, la Commission n'est pas en mesure de commenter davantage ces allégations », écrit-elle dans un communiqué. L'ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a affirmé avoir pris connaissance d'un rapport sur « des témoignages recueillis concernant l'utilisation d'armes chimiques, en particulier du gaz neurotoxique, par les opposants et non par le gouvernement ». Elle avait parlé de « forts soupçons, de soupçons concrets » et estimé que ce n'était pas « surprenant » que les rebelles aient utilisé du gaz sarin « car des combattants étrangers se sont infiltrés parmi les opposants ». Cette « sortie », qui corrobore les déclarations de Damas, selon lesquelles les rebelles ont utilisé des armes chimiques le 19 mars dernier dans la province d'Alep, dit-elle, semble déranger en Occident. Notamment, ceux qui veulent imputer l'usage des armes au régime et éloigner tout soupçon sur un fort probable rôle du Mossad israélien dans cette affaire. « Nous sommes hautement sceptiques quant aux affirmations selon lesquelles l'opposition (syrienne) aurait pu utiliser des armes chimiques. Nous jugeons hautement probable que quelque utilisation d'armes chimiques que ce soit en Syrie est le fait du régime », affirme Jay Carney. Fin avril, les Américains n'avaient-ils pas annoncé qu'ils disposaient de renseignements sur l'utilisation par les troupes syriennes d'armes de destruction massive ?