La Convention Internationale sur le Droit Humanitaire ratifiée à Genève en 1864, "repose sur les idées de l'Emir Abdelkader comme conséquence directe de son secours porté aux chrétiens lors des événements de Damas survenus en 1860", relève l'anthropologue des religions, Zaïm Khenchelaoui, à la veille du colloque international sur le thème "L'Emir Abdelkader et le Droit international humanitaire" qui se tiendra du 28 au 30 mai à Alger. "La Convention Internationale sur le Droit Humanitaire ratifiée à Genève en 1864, soit un an après la création du Comité international de secours aux militaires blessés en 1863 désigné dès 1876 sous le nom de Comité International de la Croix-Rouge (CICR), repose sur les idées de l'Emir Abdelkader comme conséquence directe de son secours porté aux chrétiens lors des événements de Damas survenus en 1860", a expliqué le chercheur à l'APS. Précisant qu'après la guerre russo-turque de 1876-1878, l'empire ottoman a opté pour le Croissant-Rouge qui ne sera adopté internationalement qu'à partir de 1929, M. Khenchelaoui a rappelé que l'Algérie s'est dotée de son propre Croissant-Rouge le 11 décembre 1956, soit au lendemain de la guerre de libération. Il a, à cet égard, noté qu'il s'agissait bel et bien de la "plus ancienne" et la "plus grande" organisation humanitaire dans le monde basée sur sept principes fondamentaux tous défendus par l'Emir Abdelkader que sont : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité. "Il s'agit de définir les règles de protection des personnes en cas de conflit armé, notamment les blessés et prisonniers de guerre, mais aussi les civils et leurs biens. Or, ce n'est qu'après les horreurs de la Bataille de Solferino survenue en 1859 qu'Henri Dunant finit par adhérer aux idées de l'Emir que celui-ci n'avait cessé de prôner et d'accomplir sur le terrain", a-t-il relevé. Tout ceci n'aurait donc pas été possible, selon M. Khenchelaoui, sans l'action "philanthropique" de l'Emir d'Abdelkader. Pour lui, "l'Europe n'a retenu que le nom de l'homme d'affaires et évangéliste protestant franco-suisse Henri Dunant, né le 8 mai 1828 à Genève et mort le 30 octobre 1910 à Heiden après avoir séjourné en Algérie où il avait obtenu des autorités coloniales des concessions de terres confisquées aux populations autochtones pour renflouer les caisses de la Compagnie genevoise des colonies suisses pour laquelle il travaillait". "C'est bien à lui que le prix Nobel de la paix fut décerné en 1901 pas à l'Emir", s'est-il étonné en notant que "ce n'était pas la situation dramatique des populations autochtones en Algérie qui souleva l'indignation d'Henri Dunant durant son séjour dans notre pays mais bien cette bataille entre les forces de Napoléon III et l'armée autrichienne". A l'inverse, poursuit M. Khenchelaoui, "l'Emir s'indigna davantage pour les populations chrétiennes que pour sa propre population musulmane, rompant ainsi pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les frontières psychologiques qui divisaient le monde". Par ailleurs, le colloque, organisé par la Fondation Emir-Abdelkader et le CICR, et qui verra la participation d'experts humanitaires venant de cultures et de religions différentes, représente pour M. Khenchelaoui, une opportunité pour mettre en lumière "la haute moralité de l'Islam que l'Emir incarnait et dont il convient de promouvoir le message universel et de transmettre les valeurs depuis l'Algérie au monde entier". Le colloque est organisé à l'occasion du 130e anniversaire du décès de l'Emir, le 150e de la création du CICR et le 5e du comité national du droit international humanitaire.