Le gouvernement turc a poursuivi mardi ses appels aux Turcs à cesser leur mouvement de protestation contre un projet d'urbanisme, au cinquième jour de manifestations anti-gouvernementales ayant fait plus de 300 blessés lors d'accrochages avec les forces de l'ordre. Au terme d'une nouvelle nuit de mobilisation et la mort de deux manifestants, le vice-Premier ministre, Bülent Arinç a reconnu les "légitimes" revendications des écologistes à l'origine de la fronde et invité les protestataires à mettre un terme à leur action. "Je demande tous les syndicats, tous les partis politiques et à tous ceux qui aiment et pensent à la Turquie de le faire aujourd'hui", a lancé M. Arinç, également porte-parole du gouvernement, alors qu'une des plus grandes centrales syndicales du pays a engagé mardi une grève de deux jours contre "les brutalités policières". M. Arinç, qui a été reçu par le chef de l'Etat Abdullah Gül, a présenté ses excuses aux manifestants blessés lors des manifestations entamées par une poignée de militants associatifs contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul et qui a peu à peu gagné l'ensemble de la Turquie. Le président turc avait déjà exhorté lundi les manifestants à cesser leur mouvement, assurant qu'ils avaient été entendus. "Une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections (...) Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques", avait-il dit, ajoutant que "les messages de bonne volonté ont bien été reçus". Les manifestants turcs restaient déterminés mardi à poursuivre pour la cinquième journée consécutive leur mobilisation contre le gouvernement du Premier ministre Recep Erdogan, à la tête du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir. Les manifestations font plus de 300 blessés selon les autorités Le porte-parole du gouvernement Bülent Arinç fait état de "plus de 300" personnes blessées lors d'affrontements violents entre la police et les manifestants depuis le début du mouvement de protestation. Mais selon les ONG de défense des droits de l'Homme et les associations de médecins, plus de 2.000 personnes ont été blessées dans ces incidents. Selon les médias locaux, un jeune homme de 22 ans est décédé lundi à l'hôpital après avoir été atteint par balle pendant une manifestation dans le sud de la Turquie, toutefois le rapport préliminaire de son autopsie ne confirme par la mort par balle, ainsi que l'affirmait mardi le gouverneur. Il s'agit du 2e décès en lien avec les importantes manifestations qui secouent le pays depuis près d'une semaine. La police turque a eu recours dans la nuit de lundi à mardi aux gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui leurs lançaient des pierres à Ankara et Istanbul, selon des témoins et une chaîne de télévision. Les policiers, critiqués pour leur "brutalité" au début du mouvement de contestation, sont intervenus contre des groupes qui les ont attaqués avec des pierres. Face à la récente situation sécuritaire en Turquie, la porte-parole de la Haut Commissaire des Nations unies aux Droits de l'Homme, Navi Pillay, Cécile Pouilly, a demandé, mardi à Ankara, une enquête "rapide, complète, indépendante et impartiale" sur le comportement de la police face aux manifestants, estimant que les responsables doivent être présentés à la justice". Néanmoins, la porte-parole a déclaré "accueillir favorablement le fait que les autorités admettent qu'un usage excessif de la force peut avoir eu lieu et leur appel pour une enquête sur les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l'Homme". Le Premier ministre turc avait admis à la veille du début lundi de sa tournée dans les pays du Maghreb arabe, qu'il y'"avait eu des erreurs, des excès dans la réponse de la police" et s'était engagé à des actions contre les policiers qui auraient agi de façon disproportionnée. S'agissant de l'économie turque, la Bourse d'Istanbul a clôturé mardi en hausse de 4,87% après une chute de plus de 10% la veille, dopée par les propos apaisants du gouvernement turc au cinquième jour du mouvement de contestation qui agite la Turquie.