Des centaines de voitures neuves soigneusement parquées à perte de vue dans des aires spécialement aménagées dans l'enceinte du port de Mostaganem. Elles attendent leur enlèvement par les différents concessionnaires qui les ont importées pour répondre aux commandes des clients. Le mouvement incessant des camions voituriers reflète une intense activité. Ce spectacle s'est banalisé au fil des mois. Il n'attire plus les curieux car, le port de Mostaganem, situé presqu'à l'entrée de la ville, est en passe de devenir la plus importante infrastructure du pays, en terme de trafic véhicules. Le nombre de véhicules débarqués par des ''car-carries'' ne cesse d'augmenter, à la grande satisfaction du staff de l'entreprise du port de Mostaganem (EPM) qui s'est spécialisée par la force des choses dans ce créneau. ''Malgré notre manque d'expérience et l'insuffisance des terre-pleins pour accueillir les véhicules, nous avons pu, avec la collaboration de tous, relever un véritable défi. Aujourd'hui, nos efforts ont porté leurs fruits'', a souligné à l'APS, le DG de l'EPM, M. Moulai Mohamed. C'est suite à un conseil interministériel, tenu le 26 juin 2009, que la dérouter le trafic des véhicules vers les ports de Mostaganem, Djen Djen et Ghazaouet. ''Le but étant de décongestionner le port d'Alger et réduire la forte pression qu'il connaît en matière de trafic maritime'', explique-t-on. Le staff de l'EPM se souvient de ce 15 septembre 2009, jour de l'accostage au port d'un premier car-carry, en provenance d'Espagne et transportant à son bord 365 véhicules. La prise en charge s'est faite sans encombre et depuis cette date, l'augmentation du trafic de véhicules via cette infrastructure n'a cessé de se confirmer. Les statistiques fournies par un conseiller du DG, indiquent que 46.429 véhicules ont été déchargés durant les quatre premiers mois de l'année en cours contre 40.831 pour la même période de l'année dernière, soit une augmentation de trafic de l'ordre de 4 pour cent. Le nombre de véhicules, tous types et marques confondus , débarqués à Mostaganem durant l'année s'est élevé à 150.081 contre 63.662 véhicules débarqués en 2011 soit une augmentation de trafic de l'ordre de 136%. En parallèle, le mouvement des navires a connu une forte hausse passant de 54 en 2009 pour atteindre les 269 l'année dernière. Si le port de Mostaganem s'est taillé une renommée en matière de trafic de véhicules, il réceptionne également d'autres produits. En 2012, il a réceptionné 99.000 tonnes de ciment contre 30.000 tonnes l'année d'avant, 72.300 tonnes de bois contre 23.900 en 2001 et 120.800 tonnes de semences de pommes de terre. ''Ce tonnage représente 80 PC des importations nationales. La semence de pommes de terre a été une exclusivité de Mostaganem durant des décennies'', rappelle-t-on. Un port fort de son succès Sur le plan des infrastructures, l'EPM a récupéré en avril écoulé, un second poste qui accueille uniquement des car-carriers, suite au transfert d'une partie de la flottille de pêche du port commercial vers le port de pêche et de plaisance de Salamandre, réceptionné au début de l'année en cours. Cette acquisition permettra d'accélérer la cadence des opérations puisque deux navires peuvent être pris en charge en même temps, ce qui réduirait le nombre de navires en rade et les attentes pour l'accostage. D'autre part, l'EPM vient de bénéficier d'un terrain de 20 hectares, situé à une quinzaine de kms du port. Ce terrain octroyé par les services de la wilaya, abritera un port sec. ''Ce site, une fois opérationnel, nous permettra d'augmenter le trafic véhicules et renforcera nos capacités d'accueil", explique-t-on au niveau de l'entreprise tout en soulignant qu'un projet de création d'un troisième bassin a été retenu. ''Les études ont été finalisées et ce futur bassin disposera d'une profondeur plus importante soit plus de 14 m, ce qui permettra l'accostage de navires de gros tonnage'', précisent les responsables de l'EPM. D'autre part, le port de Mostaganem est relié par quatre lignes régulières avec les ports de Marseille, Hambourg (Allemagne), Anvers (Belgique) et Huston-Baltimore (USA). Ces liaisons permettent de garantir à l'infrastructure mostaganémoise un trafic et une activité quasi-permanente et fluide. Le succès que connaît le port de Mostaganem réside à la fois dans sa position stratégique et dans les commodités qu'il offre aussi bien en matière de stockage que de prise en charge des marchandises par un personnel qualifié. Ainsi, une quarante chauffeurs, recrutés par le biais de l'agence nationale de l'emploi (ANEM), ont été formés par un fabricant automobile français pour assurer le transfert des véhicules des car-carriers vers la zone de stockage puis vers les camions voituriers pour leur transport extra-muros. Fort de son succès, le port de Mostaganem fait face actuellement à un problème de lenteur des enlèvements des véhicules par les concessionnaires. ''Ceux-ci préfèrent laisser leurs voitures sous bonne surveillance dans l'enceinte portuaire plutôt que de les enlever afin de les entreposer dans des parcs privés ou des terrains loués à un fort prix. Les frais que nous appliquons sont de loin fort intéressants pour les concessionnaires'', explique-t-on à l'EPM. Avec l'évolution constante du trafic de véhicules et de marchandises, l'entreprise du port de Mostaganem est en passe de réussir sa ''spécialisation''. Des perspectives intéressantes se dessinent à l'horizon notamment avec la future usine de montage de véhicules ''Renault'' de Oued Tlelat (Oran). Le port de Mostaganem est appelé à servir de lieu de transit des parties et composants d'automobiles devant être montés dans cette usine.