Le boxeur marocain de light-contact Zakaria Moumni a décrit dans un rapport présenté vendredi à Rabat par l'Organisation internationale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) comment il a été incarcéré au Maroc durant 17 mois et comment les policiers lui avaient présenté ses déclarations après l'avoir passé à tabac pendant ses trois jours de détention au secret. "Ils ont mis les papiers en face de moi, mais ils cachaient le haut de la page. J'ai dit que je voulais lire ce que j'étais en train de signer. Ils ont répondu : "Tu signes ici, c'est tout, tu récupéreras tes affaires et tu pourras t'en aller". Quand j'ai insisté pour lire, ils m'ont remis le bandeau sur les yeux, m'ont écrasé les pieds et m'ont menacé de me renvoyer là où j'étais avant... A ce moment-là j'ai signé beaucoup de choses sans même savoir ce que c'était", a indiqué Moumni dans ce rapport. Dans ce rapport de 100 pages sur les condamnations prononcées par les tribunaux marocains sur la base d'aveux obtenus sous la contrainte intitulé "Tu signes ici, c'est tout : procès au Maroc fondés sur des aveux de la police", HRW a relevé que "les policiers ont alors amené Moumni au tribunal, où il a été jugé le même jour pour des accusations de fraude très contestables". Le rapport souligne que Moumni a déclaré plus tard à HRW qu'il avait montré au juge des bleus et des coupures sur ses tibias en lui expliquant que ses interrogateurs l'avaient frappé avec des tiges de fer, précisant que "le juge n'a pas réagi". Condamné à trois ans de prison, ce n'est que plus tard que Moumni a découvert que les documents qu'il avait signés comprenaient des aveux complets et une renonciation à son droit d'être représenté par un avocat pendant le procès, note l'ONG. L'ONG internationale a présenté vendredi un rapport dans lequel elle a souligné que que les tribunaux marocains condamnent certains accusés en se fondant sur des aveux qui selon ces derniers ont été obtenus sous la torture ou falsifiés par la police. Arrêté en septembre 2010 pour "escroquerie", Zakaria Moumni a toujours clamé son innocence et affirmé avoir signé sous la torture les aveux selon lesquels il aurait soutiré de l'argent à deux Marocains en leur faisant miroiter un contrat de travail en Europe. Il avait été a été condamné le 4 octobre 2010 à deux ans et six mois de prison ferme avant sa libération en février 2012 suite à une grâce royale. Dans ce rapport, l'ONG qui a étudié en détail cinq procès (entre 2009 et 2013) et qui ont concerné en tout 77 personnes û notamment des manifestants réclamant des réformes, des activistes du Sahara occidental et des personnes accusées de complot terroriste a découvert que "les juges avaient manqué d'examiner sérieusement les affirmations des accusés selon lesquelles leurs aveux avaient été obtenus par des moyens illégaux avant d'être utilisés comme le fondement principal pour les condamner, voire le seul". L'ONG basée à New-York a affirmé que ce manquement des tribunaux encourage de fait les policiers à utiliser la torture, les mauvais traitements et les faux pour obtenir des déclarations.