L'organisation Human Rights Watch (HRW) a exhorté lundi les autorités du Maroc à enquêter "sérieusement" sur des violences policières présumées contre des militants du mouvement du 20-Février condamnés à des peines de prison ferme. Parmi ces six activistes, cinq ont écopé le 12 septembre de huit à dix mois de prison pour "participation à une manifestation non autorisée" mais aussi sur le base d'accusations de coups et d'insultes envers des agents de police. Ce procès "pourrait se révéler inéquitable", déclare dans un communiqué Eric Goldstein, directeur adjoint pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) du HRW, indiquant que les jugements ont été prononcés "sur la base de confessions qui pourraient avoir été obtenues sous la torture". Durant les audiences, ces militants du 20-Février, mouvement né l'an dernier dans le contexte du Printemps arabe, ont évoqué des violences à leur encontre durant leur garde à vue de 72 heures. "Ils clament, depuis la fin de leur garde à vue, qu'ils ont été torturés pour signer de faux aveux" et ceux-ci "constituent la seule preuve contre eux", souligne encore M. Goldstein, ajoutant que le tribunal de Casablanca "a refusé de convoquer à la barre les agents prétendant avoir été agressés" et n'a "entendu aucun témoin identifiant les inculpés". "Le Maroc ne pourra garantir des procès équitables que lorsque les tribunaux enquêteront sérieusement sur les allégations de confessions forcées et refuseront de prendre en compte, comme preuve, toute confession obtenue de façon irrégulière par la police", ajoute-t-il. Rappelant les conditions de leur arrestation, au terme d'une manifestation pacifique le 22 juillet à Casablanca, l'organisation HRW, basée à New York, rapporte les témoignages de plusieurs de ces militants et détaille le contenu des différentes audiences au tribunal et les protestations des accusés. Selon l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante), il y aurait près de 70 jeunes du Mouvement du 20-Février actuellement en prison. Ce mouvement revendique des réformes politiques profondes de la monarchie marocaine et une plus grande justice sociale.