La Ligue arabe a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités dans le conflit syrien, alors que l'éventualité d'une action militaire semble toujours d'actualité, au moment où la Russie et la Chine se disent inquiètes des conséquences d'une telle démarche. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue ont appelé, lors d'une réunion extraordinaire dimanche au Caire, l'ONU et la communauté internationale à "assumer leurs responsabilités conformément à la Charte des Nations unies et au droit international afin de prendre les mesures de dissuasion nécessaires contre les auteurs de ce crime odieux dont le régime porte la responsabilité". Le régime syrien est accusé par l'opposition est des pays occidentaux de recourir à l'arme chimique, notamment après l'attaque près de Damas, ayant fait des centaines de morts. Dans sa résolution, le conseil des ministres arabes a "condamné avec vigueur l'attaque à l'arme chimique menée en Syrie au mépris des valeurs morales et humaines et du droit international". Il a imputé "l'entière responsabilité de ce crime odieux au régime syrien" réclamant que les auteurs de cette attaque soient traduits devant la justice internationale "comme les autres criminels de guerre". Il demande également que soient "fournies toutes les formes de soutien requises par le peuple syrien pour se défendre" et rappelle "l'obligation de coordonner les efforts arabes et internationaux pour aider" les Syriens. Mais cette résolution n'a pas fait l'unanimité au sein des pays membres. L'Algérie a qualifié le texte de "violation du règlement intérieur du conseil de la Ligue, notamment en ce qui concerne le mécanisme de prise de décisions en cas d'absence de consensus entre les Etats membres". L'Algérie a réaffirmé sa "condamnation avec force de l'usage d'armes chimiques quels qu'en soient les auteurs" et émis des réserves sur l'alinéa 4 de la résolution - appelant l'ONU et la communauté internationale à prendre les mesures de dissuasion nécessaires contre le régime syrien - et réitéré sa position en faveur d'une solution politique. Elle a en outre appelé à attendre les résultats définitifs de l'équipe d'inspecteurs de l'ONU pour identifier les auteurs de ce crime. L'Irak n'a pas voté en faveur des alinéas 2 et 4 (de la résolution), le Liban a émis des réserves sur la résolution dans son intégralité, alors que l'Egypte a qualifié la déclaration "d'ingérence étrangère". Moscou et Pékin, inquiets, mettent en garde La Russie et la Chine se disent inquiètes des conséquences de frappes militaires contre la Syrie notamment en ce qui concerne l'avenir du processus politique pour résoudre le conflit. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, les informations sur l'utilisation d'armes chimiques près de la capitale Damas et impliquant le régime syrien "ne convainquent absolument pas" la Russie. "On nous a montré quelques images où il n'y a rien de concret : ni cartes géographiques ni noms, il y a là de nombreuses incohérences, beaucoup de doutes", a-t-il dit. Les frappes américaines en Syrie pourraient "reporter pour longtemps, voire à jamais" la tenue d'une conférence de paix, a souligné le chef de la diplomatie russe. La Chine a quant à elle appelé à ne pas "se précipiter à préjuger" des résultats de l'enquête menée par des experts en armes chimiques de l'ONU en Syrie, qui ont pour mission d'"effectuer une enquête objective et impartiale". L'administration américaine a rendu public la semaine dernière un rapport des services de renseignement énumérant un faisceau d'éléments prouvant selon Washington l'implication de responsables syriens dans l'attaque à l'arme chimique perpétrée le 21 août dans la banlieue de Damas et qui a fait des centaines de morts. Dimanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a assuré que les Etats-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans cette attaque. L'ONU a, de son côté, indiqué que les experts chargés d'enquêter sur cette attaque ne tireraient "aucune conclusion" avant le résultat d'analyses de laboratoire qui pourraient prendre jusqu'à trois semaines. Damas appelle l'ONU à empêcher les frappe Visé par les menaces de frappes, le gouvernement syrien a appelé lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à mener des efforts pour "empêcher toute agression contre la Syrie" en dehors de la légitimité internationale. Le délégué permanent de la Syrie aux Nations unies, Bachar al-Jaafari, dans une lettre adressée à Ban Ki-moon a également exhorté le chef de l'ONU à "aller de l'avant vers une solution politique pacifique de la crise syrienne". Sur le terrain, les violences se poursuivent. La veille, au moins 42 personnes ont été tuées lors d'affrontements entre l'armée régulière et des rebelles dans la ville de Rouhaiba, au nord-est de la capitale Damas.