Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi devant l'ambassade du Maroc à Paris pour réclamer la libération "immédiate" du responsable du site arabophone marocain Lakome.com, arrêté mardi dernier pour avoir diffusé une vidéo attribuée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a-t-on constaté sur place. Brandissant des pancartes hostiles au régime marocain et revendiquant la liberté d'expression dans le Royaume, les manifestants ont appelé à "l'arrêt du harcèlement" dont continuent de faire l'objet des militants des droits de l'homme au Maroc, dont le journaliste Ali Anouzla, responsable, selon Rabat, de la diffusion d'une vidéo attribuée à Aqmi, comprenant un "appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes dans le Royaume du Maroc". Répondant à l'appel de l'Association marocaine des droits humains (AMDH-Ile-de-France), ils considèrent l'arrestation du journaliste et son placement en détention préventive comme une "atteinte au principe de la présomption d'innocence et à son droit d'expression garanti par les traités internationaux". Pour le militant de l'AMDH-Ile-de-France, Mohamed Jait, les motivations à l'origine de l'arrestation du journaliste marocain sont "infondées". "Nous pensons que c'est un règlement de compte et son arrestation s'expliquerait par ses positions politiques critiques vis-à-vis de la monarchie", a-t-il indiqué à l'APS. Selon M. Jait, ce qui est visé à travers cette arrestation c'est "l'indépendance de ce journaliste, ses critiques de la monarchie". "Ali Anouzla n'a, en définitive, que relayé un lien, une vidéo, déjà diffusé par un site espagnol, et aussi diffusé par la version francophone de Lacome.com sans que celui-ci ne soit, pour l'heure du moins, inquiété", a-t-il ajouté. Selon des initiateurs du rassemblement, un mouvement de contestation similaire a été organisé simultanément à Bruxelles, ainsi qu'à Rabat et Casablanca, alors qu'un comité réclamant la libération du journaliste marocain est en passe d'être mis sur pied. Au lendemain de l'arrestation d'Ali Anouzla, l'Ong internationale Reporters Sans Frontières (RSF) avait réclamé sa libération "immédiate", jugeant "inadmissible qu'un journaliste soit poursuivi pour son travail d'information et que les ordinateurs de la rédaction de Lakome aient été saisis". Ali Anouzla est connu pour ses articles critiquant la politique du gouvernement marocain et réclamant une plus grande liberté de la presse. Le journal Lakome avait notamment été le premier à révéler l'affaire dite "Danielgate" du pédophile espagnol, gracié par erreur par le roi du Maroc.