La mondialisation néolibérale et ses conséquences "néfastes" sur les pays de l'hémisphère Sud ont été déplorées, mercredi à Alger, à l'occasion d'une rencontre sur le thème "Le Sud, quelles alternatives ?" qu'abrite la Bibliothèque nationale d'Algérie du 25 au 30 septembre. Les participants affirment ambitionner de s'inscrire dans une "perspective d'envergure et d'émancipation des peuples du Sud", pour faire face à l'ordre prétendu néolibéral et mondialisé qui profite davantage aux pays capitalistes du Nord ou de l'Occident. Dans sa communication, Ahmad Aijaz (Inde) enseignant dans des universités aux Etats-Unis d'Amérique et au Canada, a regretté que son pays se voie "contraint" dès les années 1990 de s'aligner sur les puissances étrangères, notamment les Etats-Unis. Il a indiqué que le ministre des Finances de l'Inde avait préconisé aux opérateurs du pays de "revoir leurs opinions politiques afin de d'attirer les investisseurs étrangers, dont les capitaux sont nécessaire à l'économie (indienne)", regrettant ainsi "l'asservissement de l'Inde à la politique américaine". M. Aijaz a expliqué en outre que le taux de la pauvreté en Inde est en augmentation, suite au transfert des biens de l'Etat vers le secteur privé, soulignant par ailleurs que "la politique de l'Inde est définie en Israël, qui est un grand client de l'Inde et son fournisseur en armement". De son côté, l'universitaire turc engagé, Fikret Baskaya, a estimé que son pays continue encore aujourd'hui de "souffrir du coup d'Etat militaire de 1980" qui avait "écrasé" l'opposition de la gauche et le Mouvement populaire en Turquie pour imposer, a-t-il dit, le néolibéralisme et renforcer la position d'un Etat sioniste dans la région. "Ce coup d'Etat avait été suivi par l'interdiction ou la déportation des universitaires, associations, syndicats et artistes progressistes ainsi que la censure des médias, avec l'instrumentalisation de la religion pour lutter contre les forces anti-impérialistes", a indiqué ce penseur turc. En ce sens, il a estimé qu'une dizaine d'années après l'arrivée du parti islamiste AKP en Turquie, toutes les entreprises économiques étatiques ont été privatisées, ajoutant que l'avenir du pays demeure l'otage des mouvements des biens étrangers. S'inscrivant en faux par rapport aux pro-AKP qui parlent de la "Turquie montante", il a relevé que le patrimoine économique du pays a été "détruit", regrettant que l'argent des capitaux étrangers en Turquie ne soit pas investi dans le développement du pays ou dans des secteurs stratégiques. Cet auteur de plusieurs ouvrages économiques en Turquie, a indiqué de le déficit de la balance des paiements est déséquilibré en Turquie, alors que la dette extérieure du pays est en constante évolution. Il a fait observer qu'en Turquie, les véhicules arrivent en première position des produits exportés, alors que le pays n'a pas de marque propre à lui et ne fabrique pas de moteurs. Pour sa part, Cho Hee-Yeon de l'université de Sungkonghoe de Séoul (Corée du Sud) a recommandé que la mondialisation soit absolument reconstruite dans le nouvel esprit mondialiste pour garder un sens progressiste. La rencontre entre dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. Elle réunit, pendant trois jours, des penseurs de 25 pays, engagés et connus pour leurs publications et leur rôle d'animateurs de centres de recherches "influents". La rencontre est organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le ministère de la Culture, en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le forum du tiers-monde (FTM). Elle intervient à un moment de questionnements théoriques pressants sur l'avenir du monde, dans des directions associant le progrès social, l'invention des formes de la démocratisation et l'affirmation des souverainetés nationales, relèvent ses organisateurs.