Des manifestants se sont rassemblés samedi place du Trocadero à Paris pour dénoncer "répression sanglante" marocaine dans les territoires occupés du Sahara occidental, appelant à la mise en place d'une commission d'enquête "indépendante" sur la mort d'un manifestant sahraoui dans la ville marocaine d'Assa. Regroupés sur le parvis des droits de l'homme, les manifestants scandaient à tue-tête des mots d'ordre comme "Une seule solution : arrêtez l'occupation", "Sahara massacré, la France sans pitié" et "Pas d'alternative à l'autodétermination". Les manifestants ont déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire "Libération de tous les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines", "Oui à un mécanisme international de surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental" et "La France doit changer de position sur la conflit sahraoui et soutenir la droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination". De nombreux manifestants arboraient des portraits de militants disparus ou emprisonnés, pour certains depuis 30 ans, dans les geôles marocaines, ou de récentes victimes "d'interventions musclées" des forces de l'ordre marocaines dans les territoires occupés. Un membre de l'Association de la communauté sahraouie en France a évoqué les "évènements tragiques" qui avaient émaillé le démantèlement du camp de manifestants de sahraouis à Tzimi, dans les territoires occupés, le 21 septembre dernier et la manifestation de protestation qui s'en est suivie à Assa. "Lors de cette manifestation, un jeune sahraoui, Rachid Chine (21 ans) est décédé, tué de deux balles dans le dos", a-t-il déploré, exigeant une commission d'enquête "indépendante" sur cette mort et la libération des prisonniers politiques qui croupissent encore dans les prisons du Royaume. Une militante de l'association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Fabienne Reberioux, a indiqué à l'APS que depuis le soulèvement qui avait suivi le démantèlement en 2010 du camp de Gdeim Izik, les manifestations dans les territoires occupés pour le droit à l'autodétermination sont devenues "quotidiennes, se traduisant surtout par des tags de drapeaux sahraouis dans les rues, des sit-in revendiquant les respects des droits de l'Homme et le brandissement en plein jour de l'emblème sahraoui". Elle s'était rendue, en juillet dernier, dans les territoires occupés dont Assa, pour s'enquérir, en compagnie d'un groupe d'observateurs des droits humains, des conditions carcérales de détenus sahraouis, privés, a-t-elle dit, de courrier, et de l'activité des associations sahraouies sur place. Pour le représentant de l'Association des familles des prisonniers disparus sahraouis, Bachir Moutik, la symbolique du rassemblement est double : manifester une solidarité avec la famille du jeune sahraoui tué à Assa et toutes les familles sahraouies des territoires occupés, et exiger du gouvernement français de revoir sa position sur le conflit sahraoui et d'arrêter son soutien indéfectible au régime marocain et sur l'aspect des droits de l'homme. "On ne peut pas comprendre aujourd'hui que la France, normalement pays des droits de l'Homme, soit en retard sur cette question, alors que le dernier rapport du Département d'Etat américain à ce propos est très en avance", a-t-il dit, appelant le gouvernement français à appuyer le droit des Sahraouis à l'autodétermination, ce qui, selon lui, "honorera la France, en tant que pays membre permanent du Conseil de sécurité et bastion des droits de l'Homme". Le rassemblement qui a pris fin par un sit-in de plus d'une heure devant l'ambassade du Maroc à Paris, a été organisé à l'appel d'une dizaine d'associations sahraouis et françaises soutenant la causse sahraouie, aux côtés de partis politiques de gauche, du Collectif Sortir du Colonialisme et du Mrap.