Aussitôt arrivés aux seuils de leurs établissements scolaires, les lycéens se retrouvent contraints de rebrousser chemin. Et pour cause, la grève déclenchée par le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) a paralysé plusieurs lycées, a-t-on constaté, jeudi matin. Aux lycées Omar Ibn El Khettab, au centre-ville, Henni Rabah (Khezrouna), Ibn Toumert ( Boufarik) et au lycée technique de Ouled Yaiche, l'atmosphère renvoie à la période des vacances, les cours et les salles de classes étant désertes. Les agents d'accueil s'occupaient de la tâche "ardue" de prononcer, sans cesse, le mot "non", en guise de réponse aux questions des élèves et des parents qui venaient s'informer si le mouvement de débrayage, entamé dimanche dernier, a pris fin. Les lycéens se rassemblaient, durant quelques moments, à l'extérieur de leurs établissements, pour parler de cette grève et d'autres sujets les concernant, avant de faire demi-tour, la mine défaite et l'esprit agité. Dans les bureaux de l'administration de ces lycées, ce sujet est au centre des discussions entre enseignants et fonctionnaires, qui brandissent des journaux où de larges espaces ont été réservés à cette énième grève dans le secteur de l'Education nationale. Et, en conclusion, tout le monde s'accorde à souhaiter que les deux parties, ministère de tutelle et syndicats autonomes du secteur, trouvent une solution "dans les meilleurs délais" à ce débrayage qui risque d'avoir des conséquences fâcheuses sur l'actuel exercice pédagogique. "Si cette grève se prolonge encore, elle va se répercuter négativement sur le déroulement de l'année scolaire. Les élèves en seront les principales victimes, d'où la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour le retour des enseignants au travail", insiste, à cet effet, M. Sassem Menouar, directeur du lycée Henni Rabah de Khezrouna, où 33 professeurs, sur un total de 46, ont adhéré au débrayage. Elèves inquiets, parents désemparés "Jusqu'à quand resterons-nous otages de ces grèves chroniques des enseignants ?. Comment pourrons-nous préparer sereinement l'examen du baccalauréat dans ces conditions ?. Si au début de l'année scolaire, une grève illimitée est déclenchée, quelle en sera la suite ?... », s'interrogent, sur un ton de colère et d'inquiétude, des lycéens, attablés dans un café à quelques encablures du lycée Ibn Toumert de Boufarik. Mis devant le fait accompli, certains élèves du lycée Henni Rabah (Khezrouna) se sont résignés, quant à eux, à feuilleter un journal sportif et créant un brouhaha autour du match qui opposera, samedi, l'équipe nationale de football à son homologue du Burkina-Faso, dans le cadre du match barrage qualificatif au Mondial 2014. "C'est tout ce qui nous reste à faire, puisque nous sommes forcés au repos en raison de la grève", lancent-ils. "Si les Verts gagnent, nous aussi, nous obtiendrons le baccalauréat !", ironise un de ces élèves, comme pour exprimer son désarroi. La colère et l'appréhension étaient aussi perceptibles chez les parents d'élèves, agacés de voir leur progéniture victime de ce bras de fer qui oppose le ministère de l'Education nationale aux syndicats autonomes du secteur. Interrogés par l'APS, certains d'entre eux, n'ont pas caché leur mécontentement face à cette grève, souhaitant que les deux parties "engagent un dialogue sérieux pour en finir définitivement avec cette instabilité qui plombe le secteur depuis plusieurs années". L'intérêt des élèves "doit prévaloir sur toutes les autres considérations", insistent-ils, à l'unanimité. Deux chiffres, une réalité Le taux de suivi de ce débrayage est différemment apprécié par le CNAPEST et la Direction de l'Education de la wilaya. Le coordinateur de ce syndicat, M. Smail Bendahib, évoque une paralysie totale dans les lycées (100%), ainsi que dans 32 CEM et 57 écoles primaires. Le chargé de la communication à la Direction de l'Education, M.Mohamed Meftouh, avance, quant à lui, un taux de suivi de "44% dans les lycées, 2% dans les CEM et 0,12% dans le primaire". Des statistiques diamétralement opposées, mais la réalité demeure la même : des centaines d'élèves sont privés de cours pour la cinquième journée consécutive. Et tout porte à croire que ce débrayage se poursuivra encore dans les prochains jours, au vu de l' "intransigeance" du CNAPEST. "La grève est illimitée et la reprise du travail ne se fera qu'après la satisfaction de nos revendications relatives à la médecine du travail, au système de retraite, à la promotion, aux logements, entre autres", indique, à cet égard, M. Bendahib. Concernant le tort causé aux élèves, ce syndicaliste estime que "la faute incombe au ministère, qui nous fait la sourde oreille, et même aux parents de ces élèves qui n'exercent aucune pression sur la tutelle", ajoutant que "le CNAPEST défend les intérêts des enseignants, sans plus".