La Banque mondiale a indiqué jeudi que les troubles politiques persistants dans plusieurs pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) avaient davantage compromis l'activité économique et les investissements qui étaient déjà affectés par l'absence de réformes économiques significatives. Dans son rapport intitulé ''MENA : investir par des temps de troubles'', la BM cite notamment les investissements directs étrangers (IDE), relevant que si au cours des années 2000, les flux des IDE en direction de la région ont suivi la tendance du reste du monde, il est à constater que la situation a changé au lendemain des bouleversements politiques qui ont traversé plusieurs pays de la région (Tunisie, Egypte, Libye...). Alors que les IDE destinés au reste du monde ont augmenté après 2010, les flux vers MENA ont poursuivi leur mouvement baissier à mesure que s'exacerbaient les conditions économiques et politiques, note l'institution de Bretton Woods. Le rapport observe que les troubles politiques ont affecté le volume et la qualité des IDE et créé un biais des flux en faveur des industries extractives relativement moins créatrices d'emplois, tout en contribuant à réduire les IDE de qualité en direction des industries de la transformation et des services à forte intensité de main-d'œuvre. Mais pour l'économiste en chef à la BM pour la région MENA, Shanta Devarajan, les pays de la région ne peuvent pas se permettre de continuer de négliger les obstacles économiques de longue date qui existaient avant ces troubles politiques. L'absence de réformes économiques significatives couplée à l'instabilité politique et macroéconomique, en particulier dans les pays MENA en transition, ''contribuera à freiner le potentiel d'investissement et de croissance, non seulement à court terme mais également au cours des années à venir, à moins que des mesures correctrices ne soient prises'', a-t-il estimé. Pour sa part, la principale auteur du rapport, Elena Lanchovichina, a affirmé qu'en décourageant les investissements axés sur la recherche d'efficacité, ''les chocs préjudiciables à la stabilité politique accentuent la concentration des IDE dans les industries extractives et les secteurs non commerciaux, exacerbant un problème lié aux distorsions induites par l'action publique et à l'emprise politique'' qui datent d'avant les bouleversements politiques de 2011. Selon les auteurs du rapport, les pays de la région MENA ''courent le risque de se retrouver pris dans le piège des ressources, à moins de renforcer les institutions et d'améliorer le climat de l'investissement, en particulier la stabilité politique et macroéconomique''. Pour M. Devarajan, la solution à la création d'emplois et à la transformation structurelle dans la région passe nécessairement par la protection de l'Etat de droit et des droits de propriété, ainsi que par l'engagement dans des politiques stables et transparentes. L'autre priorité sur laquelle insiste également la BM pour les pays du MENA a trait aux réformes concernant les problèmes qui existent de longue date, notamment les lois appliquées de manière discrétionnaire et inégale, les faveurs faites aux entreprises privilégiées, la qualité de l'éducation et de la formation, le renforcement des compétences et le mauvais fonctionnement des marchés.