de-Seine)- Une cérémonie de recueillement et de souvenir à la mémoire des victimes du 17 octobre 1961 s'est déroulée jeudi soir sur le pont de Clichy à Asnières, (département des Hauts-de-Seine) d'où furent jetés plusieurs centaines Algériens, massacrés sous les ordres du préfet de police de Paris, lors une manifestation pacifique organisée en cette journée mémorable. Cette cérémonie empreinte d'une émotion palpable, s'est tenue en présence du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Aouam Noureddine, venu à la tête d'une importante délégation, du Consul d'Algérie à Nanterre Abdelkader Dehendi, du député-maire d'Asnièresûsur-Seine, Sébastien Pietrasanta et des membres du Conseil municipal. Plusieurs gerbes de fleurs ont été déposées devant une plaque commémorative, apposée sur ce pont et qui témoigne du lieu où furent exécutés et jetés dans les eaux froides de la Seine, les victimes de la sanglante répression ordonnée en ce jour funeste contre une communauté qui revendiquait son droit à l'indépendance. "Venir pour nous tous sur les lieux où des centaines vies innocentes ont été sacrifiées de la manière, la plus horrible, la plus barbare, est un moment particulièrement poignant pour nous", a déclaré M. Aouam qui a rendu un vibrant hommage à tous ces hommes et femmes, sauvagement exécutés pour avoir exprimé pacifiquement leur rejet de l'ordre colonial. "Revenir chaque année sur ces lieux ou s'incliner à la mémoire de ces victimes est un témoignage de reconnaissance à l'endroit de notre communauté dont elles étaient issues. C'est assurément une volonté de combattre l'oubli, après avoir combattu la négation" a-t-il poursuivi. "Je ne sais pas si en pareille circonstance, il est permis d'adresser des remerciements, mais si cela était possible, je remercierais alors tous ceux qui ont veillé à ce que ce devoir et ce travail de mémoire soient possible", a ajouté M. Aouam pour qui, "perpétuer cette reconnaissance, cette commémoration, c'est aller au-delà de l'évènement et garder vivante cette leçon d'engagement et de sacrifice". "Pour nous qui venons d'Algérie spécialement pour cette circonstance, c'est aussi un témoignage de notre reconnaissance à notre communauté établie en France, et à travers elle, toute la communauté algérienne à l'étranger", a-t-il dit. "Celle-ci, a-t-il souligné, a toujours montré son attachement à son pays, sans pour autant, même pendant les moments les plus difficiles, transformer son rejet du système colonial et son engagement patriotique, en sentiment de haine ou d'hostilité à l'endroit du peuple français". Reconnaissance aux Français qui n'ont pas hésité à exprimer leur solidarité avec le peuple algérien.... M. Aouam a en outre tenu à réitérer "notre reconnaissance à tous ceux parmi ces français qui n'ont pas hésité à exprimer, dans l'action, leur solidarité avec la cause juste du peuple algérien, en prenant des risques à la mesure de leurs engagements", ajoutant "nous sommes honorés de leur amitié et heureux de poursuivre avec eux, ceux qui sont toujours vivants, et qui sont nombreux, à avoir rejoint ce cercle de l'amitié entre les peuples". "Nous souhaitons avec eux, faire ensemble cette oeuvre de rapprochement et cette entreprise tournée vers l'avenir", a-t-il dit. "La journée du 17 octobre, dont la commémoration nous réunit, est un moment d'une exceptionnelle signification dans ce qu'elle représente comme lien puissant entre la communauté établie à l'étranger, notamment en France avec l'Algérie ", a-t-il fit valoir, considérant que c'est aussi le lieu pour rendre hommage à la communauté algérienne, "qui a toujours marqué sa solidarité avec son pays d'origine, tout en apportant sa contribution à la consolidation des relations d'amitié et de coopération avec les pays d'accueil". Le Consul d'Algérie à Nanterre a tenu à exprimer quant à lui, "toute sa gratitude " au maire et membres du Conseil municipal d'Asnières pour "tout l'appui qu'ils ont accordé à la commémoration de cet évènement important et pour tout le travail de mémoire qu'ils lui ont réservé". "Ce recueillement, nous permet aujourd'hui de tirer tous les enseignements du passé pour construire ensemble le pont de l'amitié, de la solidarité et de la coopération pour le présent et l'avenir", a souligné M. Dehendi. "Nous sommes ensemble aujourd'hui pour faire face à notre histoire et reconnaître nos victimes. Pour incarner les valeurs de la République. Pour faire le lien entre le passé et le présent " a de son côté déclaré le député maire d'Asnières Sébastien Piétrasanta. Pour M. Pietrasanta, "la reconnaissance et l'acceptation de son histoire par l'Etat français n'est pas uniquement destinée à montrer du doigt le coupable de ces crimes. Il ne s'agit pas de condamner mais de créer les premières mesures vers la vérité et la fraternité Franco-algérienne". "Comment oeuvrer pour l'intégration, le vivre-ensemble et la solidarité, si la République n'est pas à même d'admettre ses erreurs et reconnaître ses victimes " s'est-il interrogé, ajoutant qu'en ce jour," il est de notre devoir de mettre des mots sur cette répression et raconter ce qui s'est passé".