Les onze pays amis de la Syrie n'ont toujours pas réussi à convaincre l'opposition syrienne à participer à la conférence de paix baptisée "Genève 2" tandis que l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi a convoqué une nouvelle réunion préparatoire à Genève. Réunis mardi à Londres, les représentants de onze pays occidentaux et arabes ont relevé d'"immenses difficultés" à surmonter avant la convocation d'une conférence dite "Genève-2", fixée au 23 novembre et déjà repoussée à plusieurs reprises. Dans un communiqué final, les "Amis de la Syrie" rappellent que la conférence de paix doit être l'occasion "de former un Gouvernement de Transition doté de pleins pouvoirs exécutifs, y compris la sécurité, la défense et les structures de renseignement". Les signataires réitèrent par ailleurs "leur inquiétude grandissante face à la progression de l'extrémisme et des groupes extrémistes". Le rendez-vous de mardi regroupait les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, d'Allemagne, d'Italie, de Turquie, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Qatar, de l'Egypte et de la Jordanie. La Coalition de l'opposition syrienne était pour sa part représentée par son président Ahmad Jarba. Promue par les Américains et les Russes, la conférence internationale "Genève 2" est censée reprendre les lignes de l'accord international signé à Genève le 30 juin 2012 et doit réunir à une même table des responsables du gouvernement syrien et de l'opposition pour tenter de trouver une solution politique négociée à un conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 115.000 morts. — Brahimi poursuit sa tournée régionale, convoque une réunion préparatoire— Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi va tenir le 5 novembre avec des responsables américain et russe une nouvelle réunion pour préparer une conférence de paix sur la Syrie, selon l'ONU. Cette rencontre "sera suivie le même jour par une réunion incluant les trois autres membres permanents du Conseil de sécurité" (France, Royaume-uni, Chine), a précisé le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. Plusieurs réunions préparatoires de ce type ont déjà eu lieu à Genève, La Haye ou New York, généralement au niveau de vice-ministre des affaires étrangères ou secrétaire d'Etat adjoint. Au lendemain d'une entretien à Mascate avec le ministre omanais des Affaires étrangères des préparatifs de la conférence de paix à Genève sur la crise syrienne, l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est attendu mercredi à Amman dans le cadre de sa tournée régionale. Le ministre omanais des Affaires étrangères Youssef Ben Alawi a assuré M.Brahimi du "soutien de son pays à une solution négociée en Syrie". Lors d'une visite lundi à Baghdad, M.Brahimi avait appelé tous les pays portant un intérêt à la Syrie ou ayant une influence à participer à une conférence de paix internationale à Genève. Il doit se rendre encore en Iran, au Qatar, en Turquie et en Syrie dans le cadre de sa tournée, entamée au Caire où il avait rencontré dimanche le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi. — L'opposition, profondément divisée— Les membres de la coalition de l'opposition syrienne, doivent se réunir d'ici une semaine pour confirmer ou non leur participation à Genève 2. Certains d'entre eux, à l'image des membres du Conseil national syrien (CNS), le plus important groupe de l'opposition, restent hostile à toute participation sans changement de l'ordre du jour. Si le président syrien ne renonce pas dès à présent au pouvoir, ils ne participeront pas à la table des négociations. "Sans solution négociée, le massacre va continuer voire s'intensifier" en Syrie, avait souligné le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une conférence de presse. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a de son côté jugé que "les onze" n'avaient jamais été aussi "précis sur la préparation et les conditions de Genève-2". Le rendez-vous de Londres a aussi été "positif du point de vue de la coalition", a-t-il ajouté. — Trop tôt pour des négociations de paix— Pour le président syrien Bachar al-Assad, les conditions ne sont "pas encore réunies" pour garantir le succès des négociations de paix avec l'opposition. Dans une interview diffusée par la chaîne de télévision libanaise al-Mayadine, il a réitéré sa volonté de se présenter à l'élection présidentielle prévue en 2014 en Syrie. Le président syrien a, par la même, demandé à l'émissaire international Lakhdar Brahimi de "ne pas dévier du cadre de la mission" qui lui a été confiée, l'appelant à être "neutre". Ces tractations diplomatiques interviennent plus d'un mois après un accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, qui a éloigné la menace de frappes américaines et françaises à la suite d'une attaque chimique meurtrière le 21 août près de Damas.