Les dirigeants européens doivent se réunir jeudi et vendredi à Bruxelles pour débattre notamment des questions d'immigration clandestine, trois semaines après la tragédie de Lampedusa, ainsi que d'éventuelles activités d'espionnage des Américains en Europe, y compris au plus haut niveau. Pour les dirigeants des pays européens confrontés à l'afflux de migrants en Méditerranée, à savoir l'Italie, Malte mais aussi la Grèce et l'Espagne, il faut des mesures "concrètes et immédiates". Ils comptent exiger de leurs homologues plus de solidarité concrète, trois semaines après le drame survenu près des côtes de la petite île de Lampedusa et la mort d'environ 400 migrants dans le naufrage de leur embarcation. Le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, demande un renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes tandis que le Maltais, Joseph Muscat, veut que l'UE se dote d'une "stratégie claire". Quant à l'Espagnol Mariano Rajoy, il a demandé mercredi que le contrôle aux frontières soit "un effort partagé par l'ensemble de l'Union". Autre mesure, la mise en application immédiate d'Eurosur, un nouveau système sophistiqué de surveillance satellitaire, notamment en mer et dont le coût est évalué à 200 millions d'euros. Les chefs d'Etat et de gouvernement européens devraient aussi plaider pour une "meilleure coopération" avec les pays d'origine et de transit pour lutter notamment contre le trafic d'êtres humains. Dans un projet de conclusions en début de semaine, les chefs d'Etat et de gouvernement devaient se contenter d'appel er à "faire plus pour éviter" de nouveaux drames. Ils renvoyaient à juin 2014, soit après les élections européennes, la définition d'une "politique de long terme" en matière d'asile et de migration. Les pays du Sud de l'Europe ont demandé des solutions structurelles. Une nouvelle version du texte a été élaborée appelant au "renforcement" de Frontex en Méditerranée et à une "politique de retour plus efficace". L'espionnage des Américains en Europe, au cœur des débats Le sommet de Bruxelles intervient en pleine révélation sur des activités d'espionnage des Américains au Mexique, en France et jusqu'à Angela Merkel en Allemagne. Selon le quotidien français "Le Monde", qui cite des documents d'Edward Snowden, l'ex-consultant de l'agence américaine nationale (NSA), cette dernière a effectué 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques de Français entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013 et a en outre espionné les ambassades françaises. Paris avait demandé des explications tout en précisant, par la voix de la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, ne pas souhaiter une "escalade". Les services de renseignement américains ont aussitôt assuré que les informations de presse à ce sujet étaient "inexactes et trompeuses", face aux explications demandées par la France et le Mexique. "Les Etats-Unis rassemblent des éléments de renseignement du même type que ceux collectés par tous les pays", a assuré le directeur du renseignement américain James Clapper qui chapeaute 16 agences de renseignement, dont la l'agence de sécurité américaine (NSA), au cœur du scandale. Par ailleurs, l'hebdomadaire allemand, Der Spiegel, a publié une information selon laquelle la NSA américaine avait espionné les courriers électroniques de l'ex-président mexicain à partir de mai 2010 et "espionné systématiquement et pendant des années le gouvernement mexicain". Le président mexicain Enrique Pena Nieto a ordonné d'ouvrir une enquête devant déterminer l'existence de preuves des activités d'espionnage attribuées aux Etats-Unis. L'ambassadeur américain convoqué en Allemagne Le gouvernement allemand a annoncé mercredi soir que le téléphone portable de la chancelière "pourrait être surveillé par les services américains". Mme Merkel a aussitôt demandé des explications au président Barack Obama, qui lui a assuré que son pays ne surveillait pas ses communications. La dirigeante allemande a souligné que si cet espionnage était confirmé, elle le jugerait "totalement inacceptable" et porterait un "coup sérieux à la confiance" entre les deux pays amis. L'ambassadeur des Etats-Unis a été convoqué jeudi après-midi au ministère allemand des Affaires étrangères pour s'expliquer sur ce sujet. Ces découvertes en chaîne interviennent après les premières révélations d'Edward Snowden au printemps sur le vaste système de surveillance cybernétique américain, qui visait notamment les institutions européennes.