Les habitants de la région d'Abyei, disputé entre Khartoum et Juba, votent depuis dimanche sur leur rattachement au Soudan ou au Soudan du Sud, lors d'un référendum non reconnu officiellement, a annoncé lundi un responsable local. Le référendum a été organisé unilatéralement par la communauté Ngok Dinka, population sédentaire d'Abyei et branche des Dinka, ethnie majoritaire au Soudan du Sud. Abyei reste l'un des points de crispation majeur non résolus par "l'Accord de paix global" de 2005 entre Juba et Khartoum, ayant mis fin à deux décennies de guerre civile meurtrière et ayant débouché sur la partition du Soudan en 2011. "Le gens votent pour rejoindre le Soudan du Sud ou être une partie du Soudan", a déclaré Rou Manyiel, président de l'organisation de la société civile d'Abyei et responsable de la communauté Ngok Dinka, "il y a de longues files mais tout est calme et paisible". Le vote a commencé dimanche et se terminera mardi, a-t-il précisé. Ni Juba ni Khartoum ni la communauté internationale ne soutiennent ce référendum. Ces derniers jours, l'ONU a, à nouveau, appelé les parties à s'abstenir de "toute action unilatérale qui pourrait aggraver la tension", estimant la situation à Abyei "explosive". Outre les tensions locales entre les Ngok Dinka et la communauté arabophone et semi-nomade Misseriya, qui va et vient entre le Soudan et Abyei avec ses troupeaux et est favorable à un rattachement à Khartoum, le référendum pourrait attiser les dissensions entre Khartoum et Juba, avec à la clé un possible nouveau conflit ouvert entre les deux Etats voisins. Un référendum d'auto-détermination à Abyei, prévu par l'accord de paix global de 2005, n'a cessé d'être repoussé depuis, notamment en raison d'un désaccord entre Khartoum et Juba sur le corps électoral, et la médiation de l'UA sur le sujet est pour l'heure infructueuse. Lors d'un sommet à Juba le 22 octobre, les présidents soudanais et sud-soudanais, Omar el-Béchir et Salva Kiir, avaient fait vœu de paix mais s'étaient montrés incapables de la moindre avancée concrète sur Abyei, malgré les appels pressants de l'Union africaine (UA) en ce sens.