La nécessité de mettre en place un mécanisme de protection des droits de l'Homme au Sahara occidental fait l'objet d'un consensus parmi les participants à la conférence africaine de soutien de la cause sahraouie ouverte lundi à Abuja (Nigéria). Les différents intervenants à cette conférence de trois jours, organisée par le Syndicat nigérian des travailleurs, ont insisté sur la nécessité de mettre en place cet instrument "seul à même d'arrêter l'occupant marocain dans son entreprise quotidienne de violation des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental". "Il est nécessaire de mettre en place un instrument de supervision dans les territoires occupés du Sahara occidental tel que la Minurso. Cela permettra aux populations sahraouies d'être respectées et d'exercer leur droit à l'autodétermination", a indiqué mardi au deuxième jour de cette rencontre, Barrister Ines Miranda, juriste espagnol, membre du collectif des avocats de défense du Sahara occidental. Dans sa communication, l'avocate a déploré que, "face aux violations flagrantes des droits des Sahraouis sur leurs territoires, il y a absence de réaction de la communauté internationale, pourtant très informée sur la situation". "Il n'y a pas encore de solutions palpables pour faire pression sur le Maroc et l'amener à cesser ces campagnes de violence et d'intimidation des Sahraouis. Nous allons travailler pour que la déclaration finale de cette conférence insiste sur la nécessité de mettre en place un mécanisme de droit de l'Homme au Sahara occidental", a indiqué Mme Barrister. Lors des débats, des intervenants ont exprimé leur frustration devant la "passivité" de la communauté internationale face aux atteintes aux libertés et aux droits des Sahraouis, approuvant l'idée de la création d'un mécanisme pour leur protection. L'appel à la création d'un mécanisme de protection des droits de l'Homme au Sahara occidental était formulé dans plusieurs interventions, lundi, lors de l'ouverture des travaux de cette rencontre de solidarité, à laquelle l'Algérie participe avec une délégation conduite par le Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui (Cnasps). Dans un message lu en son nom par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a jugé "plus que jamais d'actualité" la nécessaire de mettre en place un mécanisme de suivi et de surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental qui lutte pour son indépendance depuis près de 40 ans. L'Algérie propose dans ce sens de "recadrer et de compléter" la mission de la Minurso afin de permettre aux Nations unies de jouer pleinement leur rôle en matière de surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental. Pour le président Bouteflika, la mise en place de ce mécanisme est d'autant plus nécessaire que "l'organisation des Nations unies, particulièrement le Conseil de sécurité sont, au quotidien, interpellés par les souffrances qu'endure le peuple du Sahara occidental depuis près de quarante années". "Les violations massives et systématiques des droits de l'Homme, qui ont lieu à l'intérieur des territoires occupés, pour réprimer la lutte pacifique des citoyens pour la liberté d'association, de manifestation et d'expression, ne seraient laisser la communauté internationale indifférente", a soutenu le chef de l'Etat. De son côté, le membre du Front Polisario et chef de la délégation sahraouie à cette conférence, Bachir Mustafa Sayed, avait exigé à ce que "cessent les violations répétées" des droits de l'Homme au Sahara occidental, par les autorités d'occupation marocaines, à travers la mise en place d'un mécanisme pour veiller à leur protection. Les travaux de la conférence africaine de solidarité avec le peuple du Sahara occidental qui ont débuté, lundi dans la capitale nigériane, avec la participation de 27 pays, dont 17 du continent, seront clôturés mercredi avec par l'adoption de la "Déclaration d'Abuja" en faveur de la cause sahraouie. Inscrit depuis 1964 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc avec le soutien de la France.