Un siècle de cinéma algérien résumé en 1150 pages déclinées en 1500 notices de films, de cinéastes et d'acteurs. C'est la trame de l'ouvrage de Achour Cheurfi intitulé "Dictionnaire du cinéma algérien et des films étrangers sur l'Algérie" paru chez Casbah Editions. L'auteur y retrace les débuts du cinéma à l'époque coloniale entre 1897 et 1962 comme il explore le cinéma national de 1957 à 2012 et les films étrangers réalisés sur l'Algérie. Le dictionnaire situe les premières images tournées sur l'Algérie par les frères Lumière en 1895, mais il aura fallu attendre 1897 pour que Félix Mesguich réalise à Alger son premier long métrage, "Ali Bouf'à l'huile". Son auteur voit en Tahar Hanache "le pionnier du cinéma algérien" en réalisant en 1938 le documentaire "Aux portes du Sahara", alors que l'année 1957 marque la naissance du cinéma du combat pour l'indépendance avec "l'Algérie en flammes" de René Vautier. En 10 ans d'indépendance, rappelle Achour Cheurfi, de nombreuses actions sont menées au profit du cinéma, comme la création de la cinémathèque nationale. C'est également au cours de ces années qu'a eu lieu la sortie de "la Bataille d'Alger". Dans la notice consacrée à cette production, Mostefa Lacheraf regrette la présentation de Larbi Benmhidi sous les traits "d'un théoricien à lunettes, un peu guindé et timide, inexpressif, épisodique et marginal", à l'opposé des colonels français figurant dans le film. Malgré tout, le film a eu une "très belle carrière internationale" et a remporté plusieurs prix, ouvrant la voie à une série d'autres succès, comme pour "Omar Gatlato" de Merzak Alouache, sorti en 1976. "Omar Gatlato" est considéré comme un "tournant" du cinéma algérien "en rupture avec la thématique guerrière et le cinéma de commande idéologique", ainsi que le souligne l'auteur du dictionnaire, que Allouche est parvenu à tourner malgré les obstacles. Achour Cheurfi recense dans les années 1970 une trentaine de longs métrages inspirés de la révolution agraire inaugurant le courant cinéma Jadid (nouveau cinéma) adopté par Sid Ali Fettar, Abdelaziz Tolbi, Lamine Merbah, entre autres, pour "faire du cinéma un moyen de mobilisation politique". Ce courant est aussi incarné par "La nuit a peur du soleil" de Mustapha Badie et "l'Opium et le bâton" d'Ahmed Rachedi ou encore "Chroniques des années de braise" de Mohamed Lakhdar Hamina, Palme d'or à Cannes en 1975. Ces réalisations ont fait des années 1970 l'âge d'or du cinéma algérien. Dans la décennie 1980, deux caractéristiques du cinéma algérien sont relevées : l'attachement à la thématique sociale et l'essor donné aux coproductions algéro-françaises consacrées aux émigrés. Très vite, le cinéma algérien connait aussi ses crises abordées dans le court-métrage "Premier plan, un cinéma à tout cri" de Sihem Merad et Elodie Wattiau. Ce constat n'empêche pas A. Cheurfi de considérer que "le cinéma algérien semble renaître après de longues années de coma", avec le court métrage qui "braque ses projecteurs sur une jeunesse dynamique et pleine d'espoir qui oeuvre au retour de la liberté d'expression par le medium cinéma dans un pays en pleine mutation". "Silence, ça tourne malgré tous les obstacles" est la formule par laquelle les réalisatrices illustrent le mouvement de la jeunesse "même si c'est essentiellement des courts métrages (qui sont réalisés) jusque-là", en l'absence, tout de même, d'un réseau de distribution et d'un manque flagrant de salles de cinéma, deux problèmes que l'auteur du dictionnaire ne manque pas de rappeler.