Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont annoncé mercredi le lancement du Projet d'autonomisation des femmes du Sahel, doté d'une enveloppe de 200 millions de dollars, a indiqué la BM. Cet engagement a été annoncé à Niamey (Niger) lors d'un déplacement dans la région du Sahel des dirigeants de cinq organisations internationales : les Nations Unies, la BM, l'Union africaine, la Banque africaine de développement et l'Union européenne. L'initiative, qui s'ajoute à l'engagement déjà pris par la BM de verser 150 millions de dollars au cours des deux prochaines années à l'appui des programmes de santé maternelle et infantile dans la région, se concentrera sur l'élargissement de l'accès des jeunes femmes aux services de santé procréative et le développement des centres de formation pour les sages-femmes et les infirmières en milieu rural. Tandis que le Niger et la plupart des pays du Sahel ont considérablement réduit leur taux de mortalité infantile au cours des dernières années, les taux de mortalité maternelle et infantile restent élevés, de même que les taux de fécondité. Fécondité élevée et croissance rapide de la population au Sahel ''Alors que nous œuvrons à la fin de la pauvreté et en faveur du développement à travers le monde, nous savons que l'éducation des adolescentes et leur accès à des services de santé adéquats sont facteurs de prospérité, non seulement pour les familles, mais aussi pour l'économie dans son ensemble'', a affirmé M. Kim. Ce lien, a-t-il expliqué, est encore plus déterminant lorsque des pays comme ceux du Sahel font face à une expansion rapide de leurs populations tout en s'efforçant de faire des investissements en temps opportun afin de pouvoir réaliser des gains économiques connus sous le terme de dividende démographique. Pour sa part, le chef de l'ONU a soutenu qu'avec cet appel à renforcer l'autonomisation des femmes, il s'agit pour les femmes et les filles de s'approprier les outils nécessaires pour façonner leur propre avenir et de faire progresser le développement pour tous. Selon lui, il ne faut pas seulement prendre des mesures pour soutenir les femmes, mais aussi changer les mentalités : ''Les femmes devraient être en mesure d'exercer leurs droits, mais je veux aussi que les hommes se joignent à cet appel''. Financé par l'Association pour le développement international (filiale de la BM), ce nouveau programme bénéficiera d'une coordination étroite avec les agences des Nations Unies et d'autres partenaires de développement. Sur les 350 millions de dollars consentis au total par la BM dans le cadre de cette opération, un maximum de 100 millions sera versé au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), qui promeut les services de santé reproductive à travers le monde. ''La fécondité élevée, la croissance rapide de la population et la présence élevée des jeunes présentent des défis uniques pour le Sahel. Là où les choix s'améliorent pour les femmes et les filles, la fertilité décline et les opportunités fleurissent'', a déclaré le directeur exécutif du FNUAP, Babatunde Osotimehin. Il a expliqué que repousser l'âge du mariage, prolonger la scolarité des filles, autonomiser les femmes grâce à la planification familiale et investir dans la santé et l'éducation des jeunes, en particulier les filles, ''peut déboucher sur un dividende démographique très fort et mettre les pays du Sahel sur la voie de la croissance sociale et économique durable et inclusive''. Le Niger est la deuxième étape d'une tournée au Sahel qui verra le secrétaire général et sa délégation se rendre au Burkina Faso et au Tchad, après le Mali lundi. Le Sahel a connu trois graves sécheresses en moins d'une décennie. Plus de 11 millions de personnes y souffrent de la faim et cinq millions d'enfants âgés de moins de cinq ans sont exposés à des risques de malnutrition aiguë. En outre, l'instabilité politique et les changements anticonstitutionnels de gouvernements ont eu des conséquences économiques et sociales importantes dans la région et les actes de terrorisme et les réseaux de criminalité organisée portent atteinte à la stabilité de la région.