L'Union marocaine du travail (UMT), l'un des principaux syndicats au Maroc, a décidé de boycotter une réunion consultative sur la réforme des systèmes de retraite prévue mercredi au département du chef du gouvernement, a annoncé mercredi la centrale syndicale dans un communiqué. Cette décision a été prise par le secrétariat national du syndicat après avoir noté l'absence de volonté politique du gouvernement et endossé à l'exécutif la responsabilité du refus d'engager un dialogue social et une réelle négociation collective pour satisfaire les besoins et aspirations de la classe ouvrière. Dans son communiqué, l'UMT a rappelé qu'il avait défini, lors d'une réunion avec le chef du gouvernement le 25 octobre dernier, "les conditions pour la réussite de tout dialogue social sérieux" ( ) mais le chef de l'exécutif a décidé 'unilatéralement" de la tenue de cette réunion consultative. Selon le syndicat, les conditions de succès de tout dialogue exigent, entre autres, la garantie et la protection des libertés syndicales, l'annulation de l'article 288 du code pénal, la fin des licenciements abusifs des responsables syndicaux, la réintégration des licenciés, la mise en œuvre du code de travail et des engagements de l'accord du 26 avril 2011, l'augmentation des salaires, l'application de l'échelle mobile, la réforme des systèmes de retraite et l'organisation d'un colloque national sur la caisse de compensation. Les accords d'avril 2011, signés entre le précédent gouvernement dirigé par le Parti Istiqlal, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM, patronat) et les cinq syndicats les plus représentatives, à savoir l'UMT, l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) prévoyaient l'extension et le renforcement de la protection sociale, l'amélioration des conditions de travail, de la santé et de la sécurité professionnelles ainsi que le renforcement du cadre législatif du travail et le respect des libertés syndicales. Vers la prolongation de l'âge de la retraite des fonctionnaires Pour rappel, le Chef du gouvernement marocain et dirigeant du Parti justice et développement (PJD, islamiste) Abdelilah Benkirane avait évoqué en janvier dernier l'idée d'une réforme du régime des retraites préconisant notamment une prolongation de l'âge de mise à la retraite des fonctionnaires affiliés à la Caisse marocaine des retraites (CMR), déficitaire depuis la fin 2012. La CMR serait dans l'incapacité de payer les pensions de ses retraités à partir de 2021 si aucune mesure n'est prise d'ici là, avait-il déclaré. De son côté, le directeur de la CMR Mohamed el Alaoui Abdellaoui avait souligné que le coût financier du retard dans la mise en place de la réforme du régime des retraites au Maroc est évalué à près de 20 milliards de dirhams (environ 1,8 Mds d'euros), pour chaque année au-delà de 2012. "Plus on tarde dans la prise de décision, plus les mesures à prendre deviennent compliquées et accentuent la charge à répartir sur les trois paramètres de la réforme de retraite (âge de la retraite, prestation de la retraite et taux de cotisation)", avait indiqué M. Abdellaoui dans la presse. "Vu l'ampleur des déficits, agir sur un seul ou deux paramètres s'avère insuffisant pour équilibrer la situation financière du régime", avait-il dit affirmant qu'"en cas de statu quo et en l'absence de réforme, le régime puisera dès 2014-2015 dans les produits générés par ses réserves et les épuiserait en 2021".