Un haut responsable de l'ONU a prévenu lundi le Conseil de sécurité que la Libye traversait une situation d'insécurité sans précédent, tout en émettant l'espoir que les dirigeants libyens établissent une plus grande coopération avec les partenaires internationaux dans le domaine de la prolifération des armes. Dans sa présentation de la situation prévalant dans ce pays maghrébin devant le Conseil de sécurité, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Tarek Mitri, a affirmé que la situation sécuritaire en Libye continuait d'être ''très précaire''. Désarroi face à la transition politique et aux milices Selon lui, le mécontentement et le désarroi croissants de la population vis-à-vis de la transition politique et des différentes milices opérant dans le pays se sont traduits, au cours de ces dernières semaines, par d'importantes manifestations. A Tripoli, ''la colère de la population dirigée contre les brigades révolutionnaires et les autres groupes armés est exacerbée par les fréquents affrontements entre ces derniersá'', s'est-il inquiété, avant de préciser qu'un différend mineur avait récemment dégénéré en de véritables affrontements dans toute la capitale. Le Chef de la MANUL a rappelé que 46 personnes avaient perdu la vie et 516 autres avaient été blessées à Tripoli en novembre dernier, à la suite de protestations massives contre les brigades révolutionnaires de Misrata. La ville de Benghazi a également connu une vague de protestations qui demandent le départ des brigades armées et la reconstitution de la police et de l'armée, a-t-il ajouté. Le représentant spécial a replacé ce mécontentement populaire dans un contexte marqué par ''une insécurité sans précédent'', en soulignant qu'au cours de ces dernières semaines, le nombre d'assassinats et d'enlèvements de responsables de l'Etat avait augmenté tant à Benghazi qu'à Derna. Faibles capacités des institutions politiques et militaires ''Malgré les mesures du gouvernement libyen pour remédier aux lacunes sécuritaires, les faibles capacités des institutions politiques et militaires demeurent extrêmement préoccupantes'', a déploré M. Mitri. Relevant l'importance pour les différents groupes armés d'engager un dialogue, il a déclaré qu'il était crucial que toutes les parties s'attellent à un processus global de réintégration et éventuellement de désarmement, et ce, afin que l'Etat regagne le monopole de l'usage de la force. Le représentant spécial a aussi noté que la demande du secrétaire général de déploiement d'une unité de garde pour sécuriser les locaux de la Manul avait été ''mal comprise'' par les différents groupes libyens, certains d'entre eux suspectant même qu'une telle demande était le prélude à une intervention internationale. Par ailleurs, le représentant spécial a expliqué que la Manul avait demandé aux autorités libyennes de faire parvenir davantage d'informations sur les systèmes de défense aérienne portative (MANPADS) placés sous leur contrôle tout en émettant l'espoir que les dirigeants libyens établissent une plus grande coopération avec les partenaires internationaux dans le domaine de la prolifération des armes. En ce qui concerne le concentré d'uranium connu sous le nom de ''yellow cake", M. Mitri a indiqué que les 6.400 barils de cette matière étaient sous le contrôle d'un bataillon de l'armée libyenne, tandis qu'une équipe d'inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit se rendre en Libye en janvier prochain pour comptabiliser les stocks existants.