La question sécuritaire a été abordée, au cours d'une « discussion très franche » avec le Premier ministre, Ali Zeidan, interpellé sur les perspectives chaotiques de la transition démocratique. Il ne fait plus aucun doute également sur la destination des armes et des munitions saisies aux groupes armés, dans les régions de Gao et d'Adrar des Ifoghas. L'« arsenal à ciel ouvert » provenait, pour la plus grande partie, de la Libye, selon le président du Comité créé en vertu de la résolution 1970 (2011), relative à la Libye, M. Eugène-Richard Gasana, en se basant sur les conclusions du groupe d'experts envoyés en Libye et dans le Nord du Mali. Le péril terroriste, dénoncé par le Tchad et le Niger, visés par des attentats sanglants, laisse à penser, aux yeux du représentant spécial du secrétaire général et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), Tarek Mitri, qu'« il y a un travail à faire » en matière de sécurité des frontières. « Les récents développements dans la région du Sahel soulignent l'importance de la sécurité et une gestion effective au niveau des frontières », assure le représentant onusien. Le défi de la transition, plombée par la persistance de la violence et de l'instabilité, est grandement compromis. « La gestion de la transition sera plus difficile que nous le pensions », a martelé Mitri, devant le conseil de sécurité, le mardi 17 juin. Les récentes violences de Benghazi (30 morts et 100 blessés), ayant opposé, le 8 juin, des manifestants aux milices de la brigade « Bouclier du désert » intégré dans l'armée libyenne, et, une semaine plus tard, les combats entre un « groupe hors la loi » et les forces spéciales dans « ce qui semble être des représailles aux événements du 8 juin », traduisent la déliquescence d'un Etat frappé d'impuissance. Un juge abattu au sortir du tribunal de Derna, un commissariat de police détruit par un attentat à l'explosif à Benghazi font, désormais, partie du cauchemar au quotidien de la nouvelle Libye ensanglantée. « De nombreux incidents liés à la sécurité ont lieu en Libye alors que les institutions chargées de la sécurité demeurent faibles et qu'il est difficile de coordonner les efforts entrepris dans le pays », fait observer le représentant onusien, inquiet de la « polarisation croissante » suscitée par la loi de la « dékadhafisation » imposée par des milices, après le siège des ministères de souveraineté (Affaires étrangères, Intérieur). Une loi aux graves répercussions sur le processus politique et administratif (démission du président élu du Conseil national général, Mohamed Megaryef, et du chef d'Etat-major) et aux nombreuses lacunes au regard des normes internationales. Le train des réformes politiques a beaucoup de chemin à faire : le désarmement et l'intégration des milices, l'amélioration de la coordination entre les institutions de transition, la formation et la gestion opérationnelle des forces de sécurité. Ce sont là les éléments de la stratégie de crise qui invite au partenariat national et international pour sortir du long tunnel de toutes les incertitudes.