L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé à la Libye de trouver de toute urgence un endroit sûr où entreposer le concentré d'uranium (yellow cake) accumulé sous Mouammar Kadhafi, a indiqué cette semaine un émissaire onusien. L'ancien dirigeant libyen avait renoncé en 2003 à ses efforts pour se doter d'armes de destruction massive, dont la bombe atomique, mais un important site de stockage de concentré d'uranium avait été découvert pendant le soulèvement dans le pays qui a conduit à sa fuite puis son décès en octobre dernier. Une équipe d'experts de l'AIEA a mis fin à une visite sur le site de recherche nucléaire de Tajoura, à Tripoli, et sur le site militaire de Sabha, dans une oasis au milieu du désert, le 9 décembre, a indiqué l'émissaire Ian Martin devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Il a ajouté que l'AIEA pensait qu'aucun des matériaux nucléaires enregistrés sur ces deux sites n'avait été dérobé, tout en disant son inquiétude. Bien qu'il n'y ait dans l'immédiat aucun risque pour la santé ou de radiations, la vente ou le transfert rapide des quelque 6.400 barils de matériels nucléaires de Sabha sont fortement recommandés, a-t-il indiqué. Les conditions de stockage se détériorent et les mesures de sécurité et de sûreté sur place ne sont pas jugées suffisantes, a-t-il ajouté, soulignant que pour l'instant il n'y avait pas de crainte que ces matériaux soient dérobés en raison de la taille et du poids des barils où ils sont entreposés. Le yellow cake, une poudre insoluble dans l'eau et contenant environ 80% d'uraninite, sert à la préparation de combustible nucléaire. Il peut aussi être enrichi dans la perspective de la fabrication d'armes nucléaires. L'émissaire de l'ONU a également évoqué la lourde tâche qui attend le gouvernement libyen, qui doit démobiliser quelque 75.000 combattants révolutionnaires ayant contribué à la chute de Kadhafi. M. Martin a déclaré que le gouvernement étudiait les modalités pour intégrer 75.000 anciens combattants révolutionnaires dans une nouvelle armée et dans les forces de police, ou pour leur trouver un nouveau travail. Mettre en place ces forces de sécurité sera une tâche longue et difficile, a-t-il déclaré, précisant que la sécurité restait instable dans le pays, alors que le gouvernement de transition a un mois pour créer une loi et une commission électorales. Il a remarqué que les tensions, qui peuvent aller localement jusqu'à des combats armés entre forces révolutionnaires opposées, étaient en partie dues aux conflits locaux historiques entre communautés, exacerbés et exploités par l'ancien régime. Il a également précisé que les enquêteurs de l'ONU n'avaient pas trouvé de preuves de la sortie du pays de l'énorme arsenal de lance-roquettes (MANPAD) de l'ancien dirigeant libyen. La communauté internationale s'inquiète de la prolifération potentielle des MANPAD, a-t-il dit. Mais à ce jour, il n'y a pas de preuve significative de l'apparition (des MANPAD) dans les pays voisins, a-t-il ajouté. Selon lui, la plupart des armes pillées pendant la révolution sont détenues par les brigades révolutionnaires et différentes milices.