Le Kenya fêtait jeudi le cinquantenaire de son indépendance de la Grande-Bretagne, au moment où ce pays d'Afrique de l'Est fait face à de nombreux défis notamment les violences ethniques malgré des avancées multiples dans le processus de développement. Le président kenyan Uhuru Kenyatta, élu en mars, s'est adressé à la Nation comme fût son père, Jomo Kenyatta, premier président du Kenya indépendant. "Cette nuit il y a 50 ans, des Kényans se sont rassemblés sur ce sol (...), cette nuit-là fut à la fois le crépuscule de l'oppression et l'aube dorée de la liberté", a-t-il dit. Les festivités ont commencé à minuit, quand le drapeau kényan a été érigé à l'Uhuru Gardens, les jardins de la liberté, à l'endroit où le drapeau britannique avait laissé la place à l'emblème kényan il y a 50 ans. Des officiels d'une vingtaine de pays prennent part aux festivités marquant le cinquantenaire de l'indépendance de la République du Kenya. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a désigné le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, pour le représenter, après avoir envoyé un mercredi un message à son homologue kenyan, dans lequel il avait noté que "la célébration de cet événement est un moment de fierté partagé par tous les peuples qui se sont libérés du joug colonial grâce à leur combat héroïque, qui se poursuit encore pour le développement et le progrès". Aux côtés de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz participe à ces festivités à la tête d'une importante délégation. Le ministère de l'Information sahraoui avait souligné mercredi dans un communiqué que la capitale kenyane Nairobi restera associée aux positions honorables de l'ex-Organisation de l'union africaine (OUA), devenue l'Union Africaine (UA) concernant la question sahraouie. Le ministre britannique pour l'Afrique Mark Simmonds, prend également part aux festivités. Le Kenya a eu son indépendance de la Grande-Bretagne le 12 décembre 1963. La révolte Mau Mau de 1952-1960 contre le régime colonial, brutalement réprimée, a fait plus de 10.000 morts, certains rapports suggérant toutefois un chiffre beaucoup plus élevé. Des dizaines de milliers de personnes ont été détenues dans les camps britanniques dans des conditions difficiles. Des progrès réalisés en 50 ans Le Kenya joue un rôle de locomotive économique en Afrique de l'Est malgré de nombreux défis (pauvreté, corruption, violences ethniques) qui restent encore à relever. Le pays, qui se pose en puissance régionale, vient de lancer un important projet ferroviaire vers l'Ouganda, modernise son port congestionné de Mombasa et, là où de nombreux pays peinent encore à sortir de la crise, affiche des taux de croissance enviables : 4% en 2012, 5,5% prévu en 2013. En 2010, les Kényans ont voulu tourner une page, adoptant, près de 20 ans après le rétablissement du multipartisme, une nouvelle Constitution censée renforcer les bases de la démocratie, engager une réforme foncière, panser les plaies des violences ethniques. Les violences communautaires défi majeur pour le Kenya Les violences ont éclaté mi-novembre entre communautés Gabra et Borana dans le canton de Moyale, zone reculée des confins du nord du Kenya, à la frontière avec l'Ethiopie. En février 2012, plus de 40.000 personnes avaient été déplacées par des violences entre les deux camps, déjà décrites alors comme d'un niveau sans précédent. Les tensions sont historiquement récurrentes autour de l'eau, des pâturages ou du bétail entre les deux communautés - toutes deux membres du peuple Oromo, partagé entre le nord du Kenya et une vaste part de l'Ethiopie. Ces violences sanglantes dans le pays encore traumatisé par les terribles violences politico-ethniques ayant suivi l'élection présidentielle de fin 2007. Des violences qui ont mené l'actuel président Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto, élus en mars, dans le box de la Cour pénale internationale (CPI), accusés de crimes contre l'humanité. Pour M. Kenyatta, ce cinquantenaire aura aussi été l'occasion de fustiger le monde occidental, accusé de relents colonialistes dans son soutien au processus engagé contre lui et son vice-président devant la CPI.