Le second tour des élections législatives doit sceller ce dimanche le retour à l'ordre constitutionnel, interrompu en mars 2012 par un coup d'Etat ayant précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes armés qui restent actifs dans cette région. Quelque 6,5 millions de Maliens sont attendus aux urnes pour participer à ce scrutin, dernière étape d'un processus électoral après la présidentielle remportée le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta. Contrairement au premier tour des législatives organisé le 24 novembre, les électeurs "ne sont pas motivés", selon Badra Traoré, le président du bureau d'Hamdallaye, un quartier de Bamako. "Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de monde, comme la dernière fois", lors du premier tour du 24 novembre, a déclaré Badra Traoré, peu après le début du vote, supervisé par plusieurs centaines d'observateurs nationaux et internationaux déployés, essentiellement dans le sud et le centre du pays. Au premier tour, le taux de participation avait été nettement plus faible qu'à la présidentielle de l'été - 38,6% contre 48,9% - et risquait de l'être plus encore dimanche, selon les observateurs. La faible mobilisation avait, par ailleurs, inquiété Louis Michel, chef des observateurs de l'Union européenne (UE), qui avait déclaré que "dans le contexte particulier du Mali, voter n'est pas seulement un droit, c'est un devoir moral". A l'issue du premier tour du 24 novembre, seuls 19 sièges avaient été pourvus sur les 147 que compte l'Assemblée nationale. L'insécurité persiste dans le Nord- Le scrutin de dimanche intervient au lendemain d'un attentat à la voiture piégée qui a tué deux soldats sénégalais de l'ONU à Kidal (nord-est), fief des Touareg et de leur rébellion, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Un véhicule bourré d'explosifs a foncé sur la Banque malienne de solidarité (BMS) gardée par des soldats maliens et d'autres Africains, de la force de l'ONU au Mali, la Minusma. Deux soldats sénégalais ont été tués, trois autres Casques bleus et deux soldats maliens gravement blessés. Cette attaque a été revendiquée par Sultan Ould Badi, qui a été membre de plusieurs groupes armés du Sahel, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Pour parer à d'éventuels attentats le jour du scrutin de dimanche, les forces de l'ONU, de la France et du Mali qui doivent en assurer la sécurité, sont en état d'alerte maximum. A Kidal, il n'y aura pas d'élection car les quatre députés de la ville et de sa région situées à 1.500 km au nord-est de Bamako, ont été élus dès le premier tour. Condamnations à l'étranger- Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a condamné l'attentat de Kidal : "Tous les responsables de cet acte criminel doivent être jugés", a déclaré M. Ban, en ajoutant que les Maliens devaient soutenir le processus de paix en allant voter au second tour des législatives. Pour sa part, le Conseil de sécurité a condamné "de façon la plus ferme l'attentat, et souligné que ses responsables "doivent rendre des comptes". En France, le président François Hollande a qualifié d'"acte odieux" qui "ne peut rester sans suite" l'attentat de samedi à Kidal. Son ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius a lui aussi condamné "cet acte lâche. L'attentat de Kidal s'est produit alors que l'armée française mène depuis une semaine une vaste opération au nord de Tombouctou (nord-ouest), "la plus grosse" dans cette région depuis la reprise des principales villes du Nord par les forces alliées au début de l'année, selon une source africaine à Tombouctou. Une vingtaine d'hommes armés ont été tués, au cours de cette opération, selon des sources militaires française et africaines.