Emigrer dans l'espoir d'une vie meilleure ou rester se battre auprès des siens en Palestine, tel est le dilemme traité par le réalisateur palestinien Rashid Masharawi dans son film "Palestine Stéréo" projeté mardi à Alger. Présentée en compétition officielle du 4ème Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé, cette fiction met en scène cette déchirure à travers l'histoire de deux frères Sami et Miled dit "Stéréo". Ce film d'une durée de 90 min, évoque un bombardement qui a touché l'appartement de Stéréo où il a perdu son épouse et son jeune frère Sami y a laissé l'ouïe et la parole. A partir de ce moment les frères décident de tout laisser tomber et émigrer au Canada. Stéréo abandonne son métier de chanteur, qui lui a valu ce surnom, et la tombe de son épouse et Sami son projet de mariage et sa fiancé. A quelques jours de l'entretien au consulat les frères apprennent qu'ils leur manque une somme importante pour obtenir les visas, c'est ainsi qu'ils se remettent au travail comme techniciens du son louant leur service lors des fêtes familiale, des cérémonies officielles ou des manifestations populaires anticolonialistes. Entre-temps Stéréo se heurte à l'égoïsme de son entourage qui tente de le dissuader de partir et de rester, reprendre son travail et la lutte. Sa sœur essaye même de saboter le voyage à leur insu. La fiancé de Sami fait tout elle aussi pour garder son futur mari qui la fuit depuis n'acceptant pas son handicap. Dans leur travail les frères reflètent avec ironie la réaction de la jeunesse palestinienne devant les discours et les promesses officielles auxquelles elle ne croit plus. En faisant ses comptes, Stéréo reprend conscience de ses actes, et regrette d'avoir encaissé de l'argent pour louer son matériel lors de la cérémonie de commémoration des massacres de Sabra et Chatila de 1982. Réalisateur palestinien reconnu, Rashid Masharawi a créé un centre de production et de distribution cinématographique pour promouvoir le cinéma palestinien, il subventionne également un cinéma mobile pour des projections dans les camps de réfugiés. Inauguré jeudi, le 4ème Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé se poursuivra jusqu'au 26 décembre avec huit longs-métrages et onze films documentaires en compétition à la salle El Mouggar.