Les Libyens ont commencé à élire jeudi les 60 membres de l'Assemblée constituante qui devraient rédiger la Constitution de leur pays, une étape clé vers la conclusion d'une période de transition au moment où le pays est en proie à l'anarchie. Au total, 649 candidats sont inscrits pour ces élections, dont 73 femmes. Les soixante élus divisés en trois groupes de poids égal représentant les trois grandes régions de la Libye (Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan), auront 120 jours pour mettre au point le projet de la Constitution, qui devrait par la suite être soumis à référendum. Selon le président de la Haute commission électorale, Nouri Al-Abbar, sur les 60 sièges de la future Constituante, six sont réservés aux minorités (Toubou, Amazigh et Touareg), et six autres aux femmes. Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT et fermeront à 17H00 GMT. Les résultats définitifs devraient être annoncés "trois ou quatre jours après le scrutin", selon une source à la Haute commission électorale. A la veille du scrutin, le Premier ministre du gouvernement de transition Ali Zeidan a appelé l'ensemble de ses concitoyens à une large participation, tout en espérant que cette soit mieux que la précédente en matière de rigueur et de sécurité. Il a souligné que "cette éléction est d'une grande importance pour la Libye, puisque elle concerne l'Assemblée constituante qui devrait rédiger la constitution du pays". M. Zeidan avait déjà estimé samedi que l'élection de la Commission constituante est "un signe de réussite de la révolte du 17 février à l'origine de la chute du régime Maâmmar El-Gueddafi", s'exprimant ainsi lors d'une cérémonie organisée par la Haute Commission électorale à l'occasion du début officiel du vote des Libyens à l'étranger. Toutefois, la campagne électorale a peu mobilisé les électeurs ces derniers jours. Et contrairement aux premières élections libres du pays en juillet 2012, les Libyens se sont montrés moins enthousiastes. Ainsi, quelque 1,1 million se sont inscrits pour le scrutin de jeudi contre plus de 2,7 millions en 2012 sur 3,4 millions d'électeurs éligibles, selon la commission électorale. Le scrutin est, à priori, sans grand enjeu politique. Officiellement, les partis politiques ne participent pas au scrutin et seules les candidatures individuelles sont acceptées. --La Constituante: une étape cruciale pour la transition -- L'élection de l'Assemblée constituante, qui se chargera de rédiger un projet de la constitution pour la Libye, représente une étape cruciale et importante dans le processus de transition démocratique de ce pays en proie à l'anarchie depuis la chute de l'ex-régime de Maâmmar El-Gueddafi en février 2011. A la veille du scrutin, la mission de l'ONU en Libye (Unsmil) a appelé les Libyens à "contribuer positivement à cette opération démocratique et à créer un environnement propice" pour le bon déroulement du scrutin. "Ce rendez-vous important ouvre grande-ouverte la porte (...) pour jeter les fondements de l'Etat de Libye moderne, l'Etat des institutions, de la primauté de loi et du respect des droits de l'Homme", a indiqué le chef de l'Unsmil, Tarek Metri dans un communiqué. Les Libyens sont déçus des performance du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative issue des élections de 2012, qui a échoué à rétablir l'ordre dans un pays en proie à l'anarchie. La commission électorale a dû repousser à plusieurs reprises le délai d'inscription pour pouvoir dépasser le cap symbolique d'un million d'inscrits. La Constitution qui devra être approuvée par référendum doit trancher sur des questions importantes comme la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia. -- faible affluence et tentatives de sabotage -- Quelques heures après l'ouverture du scrutin pour l'élection d'une Assemblée constituante, des insuffisances ont été déjà mentionnées sur le plan de l'affluence des électeurs devant les bureaux de vote et l'endommagement de quelque bureau, a indiqué la Haute commission électorale. Selon M. Abbar, président de cette commission, cinq bureaux de vote ont été endommagés par des explosifs dans la nuit de mercredi à jeudi à Derna, dans l'est libyen, quelques heures avant le début du vote pour l'élection d'une Assemblée constituante. "Cinq bureaux ont été attaqués avec des engins explosifs et n'ont pas pu être ouverts aujourd'hui", a-t-il précisé. Selon lui, la commission est en train d'examiner les possibilités pour réorienter les électeurs vers d'autres bureaux de vote de la ville. Des sources locales ont précisé que les attaques n'avaient pas fait de victimes et visaient vraisemblablement à saboter le processus électoral. La ville de Derna, fief de groupes armés, est régulièrement le théâtre d'attaques contre des juges ou les services de sécurité. M. Abbar a ajouté par ailleurs que la commission n'avait pas été en mesure d'acheminer le matériel électoral vers 29 bureaux de vote dans la ville de Murzak, dans le sud, en raison d'un mouvement de protestation de la minorité des Toubous.