Le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête jeudi à adopter une résolution autorisant le déploiement en septembre d'environ 12.000 Casques bleus en Centrafrique, pays livré à "une épuration ethnico-religieuse" à l'encontre des musulmans, pourchassés par les miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka. Le Conseil de sécurité devait se prononcer sur l'envoi de 10.000 soldats et 1.800 policiers qui formeront la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine), dont le déploiement est fixé au 15 septembre. Il s'agira d'une des plus grosses opérations de maintien de la paix de l'ONU et son budget annuel est estimé par des experts entre 500 et 800 millions de dollars. La résolution autorise l'armée française à prêter main forte à la Minusca en employant "tous les moyens nécessaires". La Minusca aura pour objectifs la protection des civils et des convois humanitaires, le maintien de l'ordre, le soutien à la transition politique et le respect des droits de l'Homme. Vingt ans après le Rwanda, un nouveau génocide en Afrique Plusieurs ONG ont dénoncé ces derniers mois un "nettoyage ethnique" en Centrafrique, où les musulmans sont tués ou contraints à l'exode par les milices anti-balaka à dominante chrétienne. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, au terme d'une visite "très émouvante" samedi, à exprimer sa tristesse envers la communauté musulmane pourchassée par les anti-balaka à Bangui et dans plusieurs endroits en Centrafrique, appelant les leaders centrafricains pour qu'ils empêchent un nouveau génocide en Afrique, vingt ans après le Rwanda. "Je suis très triste de ce que j'ai vu", a-t-il commenté, accueilli par un millier de déplacés qui ont trouvé refuge dans la mosquée. "Je suis ici pour montrer la solidarité" de la communauté internationale, a-t-il dit à ses interlocuteurs: "Comme vous le savez, j'ai demandé au Conseil de sécurité d'établir une opération de maintien de la paix. J'espère que le Conseil prendra une décision dans quelques jours". "Une épuration ethnico-religieuse est une réalité" en Centrafrique, a souligné le secrétaire général de l'ONU. "La communauté internationale a fait défaut aux Rwandais il y a 20 ans. Et nous risquons de ne pas en faire assez pour les Centrafricains aujourd'hui", a-t-il poursuivi dans un discours au parlement provisoire. La communauté internationale se mobilise pour la Centrafrique Etablie par le Conseil de sécurité, une Commission d'enquête internationale sur la République centrafricaine a pour tâche de rassembler, examiner et analyser toutes les informations concernant les allégations de violations du droit international humanitaire et de violations généralisées des droits de l'homme et d'exactions qui sont commises depuis le 1er janvier 2013 jusqu'à ce jour, présentera son rapport intérimaire en juin prochain au Conseil. Par ailleurs, l'Experte indépendante des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en RCA, Marie-Thérèse Keita Bocoum, avait annoncé mercredi qu'elle entamerait sa seconde mission dans ce pays du 10 au 18 avril. Elle se focalisera sur la situation des droits de l'homme en dehors de Bangui, la capitale, et se rendra alors dans plusieurs villes, parmi lesquelles Ndele au nord, Bangassou au sud-est, Bouar à l'ouest ainsi que Nola et Berberati au sud-ouest. Pour éviter le chaos en RCA et dans la sous-région, ''on ne peut plus se contenter de solutions purement cosmétiques ni se contenter de compter les morts et les victimes'', selon Mme Keita Bocoum. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait récemment souligné que l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA) et les Nations unies (ONU) devraient "œuvrer ensemble pour établir la paix et la stabilité" dans ce pays, indiquant que la Centrafrique constitue l'une de ses priorités (et) sera sa priorité permanente. La Centrafrique est livrée au chaos le plus total depuis un an et traverse une crise humanitaire sans précédent avec près d'un million de déplacés fuyant les violences.