Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé samedi à Bangui les leaders centrafricains pour qu'ils empêchent un nouveau génocide en Afrique, vingt ans après le Rwanda, dans un discours au parlement provisoire. "D'ici je vais directement à Kigali pour commémorer (lundi) le 20e anniversaire du génocide rwandais", a lancé M. Ban lors d'une visite surprise de quelques heures à Bangui sur la route du Rwanda. "C'est votre responsabilité à tous - en tant que leaders - d'assurer que nous n'aurons jamais à commémorer un tel anniversaire en Centrafrique. Ne répétez pas les erreurs du passé, n'oubliez pas d'en tirer les leçons", a-t-il dit à la tribune du Conseil national de transition (CNT), le parlement provisoire. "Une épuration ethnico-religieuse est une réalité" en Centrafrique, a souligné le secrétaire général: "de nombreux membres de la minorité musulmane ont fui. Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance". "La communauté internationale a fait défaut aux Rwandais il y a 20 ans. Et nous risquons de ne pas en faire assez pour les Centrafricains aujourd'hui", a-t-il poursuivi devant l'assemblée avant de rappeler que "des crimes atroces sont commis ici". En Centrafrique, "la sécurité de l'Etat a cédé la place à un état d'anarchie", a-t-il rappelé, en "félicitant les forces de l'Union africaine et les forces françaises dont l'action rapide a pu empêcher à ce jour le pire". La Centrafrique traverse une crise humanitaire sans précédent, avec des centaines de milliers de déplacés fuyant les violences. Ces violences ont contraint à l'exode des dizaines de milliers de musulmans, de régions entières du pays, pourchassés par les miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka, amenant Amnesty International à dénoncer un "nettoyage ethnique".