Le SG des Nations unies exhorte les responsables centrafricains d'empêcher un risque d'épuration ethnique. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, était samedi dernier, à Bangui, en République Centrafrique. Objectif : mettre en garde contre le risque d'un autre massacre dans ce pays déchiré par une guerre civile entre musulmans et chrétiens qui a fait plus de 2000 morts et débouché sur une crise humanitaire sans précédent, avec des centaines de milliers de déplacés fuyant les violences. Dans un discours devant le Conseil national de transition (CNT), le parlement provisoire, le chef des Nations unies a appelé les leaders centrafricains à tout faire pour empêcher une autre « épuration ethnique ». « C'est votre responsabilité à tous - en tant que leaders - d'assurer que nous n'aurons jamais à commémorer un génocide rwandais en Centrafrique. Ne répétez pas les erreurs du passé, n'oubliez pas d'en tirer les leçons », a-t-il lancé en assurant qu'« une épuration ethnico-religieuse est une réalité en Centrafrique ». « De nombreux membres de la minorité musulmane ont fui. Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance », a-t-il souligné. M. Ban a été particulièrement virulent à l'égard des dirigeants centrafricains à qui il reproche la « faillite de l'Etat central ». Il a souligné que « la sécurité de l'Etat a cédé la place à un état d'anarchie ». Il a toutefois félicité les forces de l'Union africaine et les forces françaises dont l'action rapide a pu empêcher à ce jour le pire. Des forces qui évoluent selon lui dans un contexte hostile et imprévisible. C'est pourquoi, le patron de l'ONU a exprimé son inquiétude de voir les contingents africains et français débordés par « l'état d'anarchie qui règne dans ce pays, malgré les efforts internationaux pour y ramener la paix », notamment après le retrait des soldats du contingent tchadien de l'Union africaine en Centrafrique (Misca), accusés par la Commission des droits de l'Homme de l'ONU d'avoir tué une trentaine de civils il y a une semaine à Bangui. Des accusations qui ont soulevé l'ire du gouvernement tchadien qui a dénoncé des « propos diffamatoires » évoquant une « campagne malveillante » contre ses soldats. Le Conseil de sécurité doit approuver la semaine prochaine la formation d'une force de 12.000 hommes. Celle-ci sera envoyée en Centrafrique pour tenter d'y rétablir le calme, mais cette force ne devrait pas pouvoir être déployée avant septembre. Lors d'une visite sur le terrain, M. Ban Ki-moon a exprimé sa tristesse envers la communauté musulmane pourchassée par les miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka à Bangui et dans plusieurs endroits dans le pays. « J'ai entendu leurs histoires effroyables (...) des crimes atroces sont commis ici », a-t-il déclaré en soulignant avoir demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'établir une opération de maintien de la paix.