Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son ancien vice-président, Riek Machar, ont signé vendredi à Addis Abeba un document dans lequel ils s'engagent à cesser les hostilités et à la mise en place d'un gouvernement de transition en vue de prochaines élections. Le traité, également paraphé par le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, hôte des négociations, précise que les hostilités doivent prendre fin 24 heures après la signature de l'accord. "Les deux dirigeants ont convenu que toutes les activités hostiles cesseraient dans les 24 heures", selon Seyoum Mesfin, un des responsables de la médiation. Un cessez-le-feu entre les belligérants, péniblement négocié et signé le 23 janvier dans la capitale éthiopienne sous l'égide de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine, n'a jamais été respecté. Outre la cessation des hostilités, la mise en place d'un gouvernement de transition est confirmée. Ce dernier devra aboutir à des élections pour lesquelles les deux hommes n'évoquent pas de date. Les deux dirigeants ont "convenu qu'un gouvernement de transition offre les meilleurs chances au peuple du Soudan du Sud" en vue de prochaines élections, a expliqué Seyoum Mesfin. Ce dernier, ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères et l'un des principaux négociateurs de l'Igad, a félicité MM. Kiir et Machar d'avoir "mis fin à la guerre". "Les combats vont cesser", a-t-il encore assuré. Il est également établi que l'action humanitaire devra être facilitée et soutenue et cela dans toutes les régions du pays. L'accord prévoit aussi "l'ouverture de couloirs humanitaires (...) et la coopération avec les agences humanitaires et de l'ONU afin de faire en sorte que l'aide humanitaire atteigne toutes les zones du Soudan du Sud", selon Seyoum Mesfin. MM.Kiir et Machar s'étaient quelques minutes auparavant retrouvés face-à-face et s'étaient serré la main, à l'issue d'une journée d'entretiens séparés avec Hailemariam Desalegn, qui assure la présidence en exercice de l'Igad. L'accord de paix salué par Juba et la communauté internationale Riek Machar s'est félicité de cet accord de paix mais il a tenu à réaffirmer qu'il n'avait jamais commis le coup d'état dont il est accusé et qui a déclenché la guerre civile. Les premiers combats ont éclaté à Juba le 15 décembre au sein de l'armée sud-soudanaise entre troupes loyales à chacun des deux dirigeants. "Je suis heureux que nous ayons signé cet accord ce soir", a déclaré à la presse M. Machar. Pour sa part, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l'Union africaine, Smail Chergui, a estimé que "même avec cette signature, vue la crise actuelle, le rétablissement de la paix au Soudan du Sud ne sera pas facile". A l'étranger, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a aussitôt salué "l'accord visant à résoudre la crise au Soudan du Sud", et demandé aux parties concernées de "traduire immédiatement en action leurs engagements, particulièrement la cessation de toute hostilité". Le chef de l'ONU, a, par la même, réaffirmé "l'engagement ferme des Nations Unies envers la population sud-soudanaise". L'accord de paix a également été salué par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, y voyant une possible "avancée majeure". Le chef de la diplomatie américaine, qui a également salué les efforts du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a estimé que "le peuple sud-soudanais a trop souffert depuis bien trop longtemps". "Cet accord est l'occasion de prendre un nouveau départ vers la paix et il ne faut pas la rater. Nous ferons tout notre possible pour (vous) aider à y arriver", a souligné M. Kerry. De son côté, la conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, Susan Rice, a estimé que l'accord signé à Addis Abeba "comporte la promesse de mettre fin à la crise". Elle presse également les deux parties d'"agir rapidement pour honorer cet engagement en paroles et en actes, en mettant fin à la violence et en négociant en toute bonne foi afin d'atteindre un accord politique qui puisse assurer stabilité, prospérité et paix pour tous les Sud-Soudanais". L'ONU et Washington avaient mis en garde contre des risques de "génocide" et de "famine" dans le pays, plaçant MM. Kiir et Machar sous intense pression diplomatique. Le conflit sanglant a contraint quelque 923.000 Sud-Soudanais à se déplacer dans leur propre pays alors que plus de 293.000 personnes se sont réfugiées dans des pays voisins, tels que l'Ouganda, l'Ethiopie, le Kenya et le Soudan. Quelque 4,9 millions de personnes ont actuellement besoin d'assistance humanitaire.