La sécurité alimentaire au Soudan du Sud s'est détériorée à un ''rythme alarmant'' en raison des affrontements, des déplacements de population, des marchés détruits et des moyens d'existence anéantis alors que certaines régions courent un risque élevé de famine au cours des prochains mois, a averti lundi la FAO au moment où Ban Ki-moon a appelé les dirigeants sud-soudanais à accélérer la dynamique de paix. ''Un tiers de la population du Soudan du Sud souffre d'une grave insécurité alimentaire et certaines régions courent un risque élevé de famine au cours des prochains mois'', a indiqué la FAO dans un communiqué de presse. Cette organisation onusienne a constaté une ''hausse alarmante'' du nombre de personnes en phase d'urgence, en particulier dans les trois Etats les plus touchés par les affrontements dont l'Unity, le Haut-Nil et le Jonglei. Avant le début des violences mi-décembre entre les forces gouvernementales et les rebelles, aucune population du Soudan du Sud n'avait été confrontée à ces niveaux d'insécurité alimentaire. Aujourd'hui, près de 1,3 million de personnes sur 11,5 millions sont concernées. Aussi, un nombre de 2,4 millions de personnes sont considérées en phase de crise, ce qui signifie que plus d'un tiers de la population sud-soudanaise est victime de niveaux exceptionnels d'insécurité alimentaire. Ces statistiques ''confirment la situation de faim généralisée et la malnutrition croissante, ce qui a pour conséquence de graves risques de maladies, de pertes de moyens de subsistance et, disons-le franchement, de décès'', selon le chef du Bureau FAO au Soudan du Sud, Sue Lautze. -- Appels aux dirigeants sud-soudanais à accélérer la dynamique de paix Par ailleurs, lors d'une réunion tenue lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Soudan du Sud, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a encouragé les dirigeants sud-soudanais en conflit à accélérer la dynamique de paix après la signature récente d'un accord pour résoudre la crise dans ce pays. Le Secrétaire général s'est rendu la semaine dernière au Soudan du Sud pour tirer la sonnette d'alarme sur la violence et les risques de famine, et ''pour encourager les dirigeants à cesser d'emprunter la voie destructrice dans laquelle ils sont engagés'', a-t-il expliqué aux membres du Conseil de sécurité. Il a rappelé avoir salué la signature, vendredi dernier, de l'accord de cessez-le-feu à Addis Abeba par le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et l'ancien vice-président Riek Machar. Maintenant, a-t-il poursuivi, ''il incombe aux deux dirigeants sud-soudanais d'accélérer la dynamique de paix''. Il a identifié une série de priorités dont l'arrêt immédiat des combats, l'autorisation par les deux parties d'un accès humanitaire par voies aérienne, routière, et fluviale, et le soutien de la communauté internationale aux opérations humanitaires et la lutte contre l'impunité. Le Secrétaire général a estimé également que les dirigeants politiques devaient restaurer le sentiment d'unité nationale qui prévalait au moment de l'indépendance du pays, rappelant que la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) accueille dans ses bases plus de 80.000 personnes en déplacement. ''Nos bases ne sont pas conçues pour accueillir un tel afflux de gens'', a dit M. Ban, se félicitant, cependant, de la décision de l'ONU d'ouvrir les portes de ses bases aux gens fuyant les combats mais a estimé que cela n'était pas une solution de long terme.