L'armée ukrainienne qui mène une répression dans l'est du pays a été toutefois impuissante à en reprendre le contrôle L'Otan a indiqué hier n'avoir «aucune preuve» que l'armée russe avait commencé à retirer ses troupes. La Russie a ordonné hier le retour dans leurs casernes des milliers de soldats massés depuis des semaines près de la frontière avec l'Ukraine, un geste apparent d'apaisement à moins d'une semaine de la présidentielle anticipée dans ce pays. Mais l'Otan a indiqué hier n'avoir «aucune preuve» que l'armée russe avait commencé à retirer ses troupes. «Vladimir Poutine a donné l'ordre au ministre de la Défense de rappeler les troupes dans leurs garnisons (...) en raison de l'achèvement des exercices qui avaient requis leur déplacement dans les régions de Rostov sur-le-Don, Belgorod et Briansk», voisines de l'Ukraine, a indiqué le Kremlin. Accusée par Kiev de soutenir les séparatistes, la Russie disposait, selon les Occidentaux, de 40.000 soldats déployés près de la frontière dans le cadre de manoeuvres militaires. M. Poutine avait affirmé la semaine dernière qu'elles avaient reculé, mais les Etats-Unis avaient souligné n'avoir pas de preuves de mouvements «pour l'instant». «C'est la troisième déclaration de Poutine, mais nous n'avons toujours pas vu de retrait», a déploré le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen. La Russie avait par ailleurs annoncé l'organisation d'exercices militaires aériens à Lipietsk, Voronej et Riazan, de mercredi à dimanche, jour de l'élection présidentielle. La diplomatie ukrainienne a demandé hier à Moscou d'annuler ces exercices qui «font monter la tension» dans la région. Cette annonce du Kremlin intervient sur fond de poursuite d'affrontements sporadiques entre séparatistes et soldats ukrainiens dans les régions de Lougansk et de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Le ministère ukrainien de la Défense a annoncé hier la mort d'un soldat dans une attaque au mortier des séparatistes près de Slaviansk, un des bastions de l'insurrection, encerclé par les troupes régulières. Les violences, qui ont fait près de 130 morts depuis le début le 13 avril de l'opération «antiterroriste» visant à reprendre le contrôle de l'Est, pourraient empêcher le déroulement du scrutin dans les régions de Lougansk et de Donetsk. «Dans certaines localités (de l'Est), il sera difficile d'organiser l'élection», a reconnu le Premier ministre Arseni Iatseniouk au cours d'une réunion avec les gouverneurs de régions. «Elles sont très peu nombreuses et cela n'aura pas d'influence sur le déroulement du scrutin. L'élection aura lieu et nous aurons un président légitime», a-t-il dit. Le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov a précisé que des «groupes spéciaux» seraient chargés d'assurer la sécurité du scrutin dans l'est. Le médiateur de l'OSCE pour l'Ukraine, le diplomate allemand Wolfgang Ischinger, s'attend pour sa part à un déroulement «plus ou moins normal» des élections dimanche, sauf dans une partie des régions orientales. «Nous parlons ici d'un ordre de grandeur qui sera vraisemblablement inférieur à 10%» des villes, où les élections seront perturbées, a-t-il précisé sur la radio publique allemande Deutschlandfunk. Les principaux candidats à la présidentielle poursuivent leur campagne, mais aucun, à part l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko qui a donné une conférence de presse à Donetsk fin avril, n'a mis les pieds à Donetsk. La peur de voir les chars russes envahir l'Ukraine et le débat complexe sur l'identité ukrainienne, entre habitants de l'Ouest proches de la Pologne et taxés de nationalisme et Ukrainiens de l'Est qui se méfient de Kiev et regardent vers Moscou, ont été au coeur de la campagne électorale. Aux Russophones qui prônent le «fédéralisme», les partisans d'une Ukraine accrochée à l'Europe ont répondu par la «décentralisation» et une plus grande autonomie budgétaire des régions. Parallèlement au retrait des soldats russes, Moscou a appelé Kiev à «mettre fin immédiatement à l'opération répressive et aux violences, ainsi qu'au retrait des troupes», dans une allusion à l'opération «antiterroriste» réalisée par l'armée ukrainienne.