Un voyage à travers les origines sahéliennes du rituel diwan et les croyances qui l'entourent était proposé dimanche soir au public de Bechar par la troupe "Sidi Blel" de Mascara qui a revivifié sur scène une partie de ce patrimoine qui se fait de plus en plus rare. Se produisant en compétition officielle du 8e Festival national de musique diwan qui se tient à Bechar depuis vendredi, cette troupe baigne dans une tradition de diwan qui garde encore une activité très intense dans la région. "Sidi Blel'' s'est distingué sur scène par le choix des bradjs (morceaux) des "khalawiyne" dédiés aux esprits des forets et aux chasseurs, des morceaux joués de plus en plus rarement en Algérie mais sauvegardés dans les environs de Mascara, comme expliqué par Abdelkader Benamar, leader de la troupe. L'aspect spectaculaire de ce répertoire a particulièrement accroché les spectateurs par leurs costumes, très riches en couleurs et ornés de plumes, répliques d'armes (lances, couteaux, arcs et flèches) et mimiques de chasseurs traquant une proie. Dans un registre axé sur l'interprétation et la puissance musicale, le jeune Maallem Lahbib et la troupe "Jil Essaêd" a lui aussi réussi à créer une ambiance interactive avec son public pourtant habituellement stoïque. Par son jeu de goumbri et sa voix puissante, le jeune maître de cérémonie, déjà reconnu et encouragé par le doyen du diwan de Bechar, a su donner un spectacle vivant et attrayant tout en conservant le répertoire authentique et son instrumentation très libérée. Invité du festival, le groupe "Diwan El Bahdja" d'Alger, primé lors de précédentes éditions, ont également ravi le public, dont le nombre commence à croître au fil des soirées, de sonorités de musique gnawa dans un style marocain sur un rythme plat. Autre invité de cette soirée, le groupe "Clé 13" de Jijel, de jeunes musiciens baignant dans le rock, le reggae ou la pop qui se sont retrouvés autour d'une musique qui cherche encore sa voie et qui permet néanmoins à tous les membres de s'exprimer librement en attendant de mieux exploiter ce potentiel. Plus tôt dans la journée, une rencontre sur "La dimension humaine de la musique diwan" a été animée par l'universitaire Abdelmajid Bouguerba, qui a souhaité questionner l'assistance sur l'apport institutionnel à la créativité dans le diwan. Une problématique très vite rejetée par l'assistance qui a estimé que "les musiques spirituelles s'imposent, dans la globalisation et l'universalité, par leurs singularités". Ouvert vendredi, le 8e Festival national de musique diwan se poursuivra à Bechar jusqu'au 29 mai avec encore neuf troupes en compétitions et des conférences traitant du diwan comme patrimoine et culture authentique.