Le personnage d'Ibn Batouta, illustre et impénitent voyageur du XIVème siècle, sera de "passage" mercredi au théâtre régional de Bejaia, dans une oeuvre esthétique, filée dans un genre épique et romanesque, qui a caractérisé l'aventure de cet homme, parti découvrir seulement la Mecque en 1325, et que le vent a fini par pousser aux quatre coins du monde. Mise en scène par Elsa Hamnane, une franco-algérienne, connue pour ses inclinaisons pour les formes de théâtre ancestral, la pièce retrace "le parcours de ce personnage historique devenu mythe sans pour autant constituer une oeuvre d'histoire". "C'est l'histoire dans l'histoire, dès lors que la trame met en valeur le travail de création collectif des comédiens du théâtre de Bejaia, associés à l'écriture et à l'adaptation du texte", dit-elle, promettant "un grand moment de divertissement" duquel sortira grandi Ibn Batouta. Pour l'anecdote, Ibn Batouta, en route vers le Hidjaz, a du transiter par Bejaia, réputée alors comme étant un centre de rayonnement civilisationnel et culturel de premier ordre. Mais son escale n'a pas été de tout repos, puisqu'il tomba malade des semaines durant. Et lorsqu'il reprit ses forces, il n'avait d'autre urgence que celui de poursuivre son périple vers la Mecque, manquant le récit d'une escale qui s'annonçait, initialement, prometteur. La pièce n'en fait pas étalage, tout autant d'ailleurs, pour le reste des étapes, qui l'ont conduit tour à tour, au Moyen Orient, en Afrique de l'ouest, en Asie et aux îles Maldives avant de rentrer chez lui à Fès (Maroc), au bout d'un périple de 120.000 km, soit trois fois la distance parcourue par son contemporain, le vénitien Marco Polo. Seuls quelques repères historiques, du reste dépouillés de leur temporalité assurent la compréhension de ce parcours, magnifié en fait par le jeu des acteurs, et la subtilité des langages. Sans changer de lieu, les comédiens, (huit au total) dans une espèce de farandole collective, témoignent du temps qui passe, de leurs obstacles et de leurs rêves.