cinq (45) personnes décèdent chaque jour en Algérie en raison de maladies graves causées par le tabagisme, a affirmé lundi à Alger le président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie, le Pr Salim Nafti. Le Pr Nafti, également chef du service de pneumo-phtisiologie au CHU Mustapha Pacha, a indiqué que le tabagisme était à l'origine de 25 maladies graves dont 90% des cancers et causait la mort de 45 personnes chaque jour en Algérie. Lors d'une conférence de presse au Forum d'El Moudjahid aux côtés du Pr Yamina Houhou, juriste, il a tiré la sonnette d'alarme sur les dangers du tabagisme et de sa propagation au sein de la société malgré les campagnes de sensibilisation menées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les différents médias de par le monde. 7.000 cas d'infarctus du myocarde sont causés annuellement par le tabagisme en Algérie, outre 3.500 à 4.000 cas de cancer du poumon et entre 7.000 à 10.000 naissances prématurées avec décès du fœtus, a-t-il encore précisé. Il a cité également les différentes lois promulguées par l'Algérie et relatives notamment à la vente, à la distribution et à l'interdiction de la consommation du tabac et qui égalent, selon lui, celles des pays avancés. Il a déploré en revanche, le manque de fermeté quant à leur application. D'autre part, le Pr Nafti a exhorté les pouvoirs publics à "mettre un terme à la destruction de la vie des personnes" en raison du tabagisme, rappelant que 7% des élèves en cycle primaire consommaient 6 à 7 cigarettes par jour et 11% du moyen consommaient 5 à 10 par jour. Il a estimé que ce fléau dangereux touchait également les lycéens et les étudiants avec un taux de 16% pour le secondaire dont un tiers des filles et un cinquième des étudiants, ajoutant que ces derniers ont consommé au moins une fois, le cannabis car la cigarette encourage cela. -Un arsenal de lois pour la lutte contre le tabagisme resté lettres mortes Yamina Houhou, professeur de droit à l'université d'Alger, a déploré le fait qu'un arsenal lois relatives à la lutte contre le tabagisme est resté "lettres mortes", appelant à inscrire la lutte contre ce fléau parmi les priorités de la santé publique du fait de ses effets néfastes sur la société. Elle a rappelé l'éventail de lois promulguées par le ministère et adoptées par le parlement dont la loi sur la santé de 1985 et les décrets exécutifs qui ont suivi en 1999, 2001 et 2003 outre la ratification par l'Algérie de la convention cadre de l'OMS en 2006. Elle a souligné à cette occasion, les lacunes enregistrées dans ces décrets qui ne précisent pas avec exactitude ni les espaces où il est interdit de fumer comme à l'instar des pays avancés ni l'amende à laquelle est passible le fumeur qui enfreint la loi. Mme Houhou a appelé en outre, à mettre au point une loi plus rigoureuse en matière de lutte contre la consommation et la vente de tabac, estimant impératif d'afficher les composants de la cigarette et de ses méfaits au consommateur sur la boite de cigarettes. Elle a appelé enfin, à imposer une amende au fumeur dans les lieux publics qui varie entre 2 000 et 30 000 DA tout en intensifiant les campagnes de prévention contre ce fléau.