La situation en Libye s'est fortement dégradée ces derniers jours, notamment autour de l'aéroport de Tripoli où de violents combats opposant des milices rivales ont déjà fait une centaine de morts amenant plusieurs Etats étrangers à évacuer leurs ressortissants ou personnel diplomatique du pays. La capitale Tripoli reste menacée par un incendie qui ravage un immense dépôt d'hydrocarbures, provoqué par des roquettes tirées lors d'affrontements entre milices rivales. Les opérations se poursuivent pour tenter de maîtriser cet incendie alors que les autorités craignent "une catastrophe humaine et environnementale". Les combats, les plus violents en près de trois ans à Tripoli, ont fait depuis leur déclenchement le 13 juillet dans le sud de la capitale et en particulier autour de l'aéroport, une centaine de morts et 400 blessés, selon des estimations officielles. L'aéroport est fermé depuis. Les opérations d'extinction du feu avaient été interrompues par moments en raison des combats qui ont éclaté après une attaque menée par des groupes armés et d'ex-rebelles de la ville de Misrata (est de Tripoli) qui tentent de chasser de l'aéroport leurs anciens compagnons d'armes originaires de Zenten (ouest). La semaine dernière, le gouvernement libyen avait mis en garde contre "l'effondrement de l'Etat". En effet, les combats ont quasiment paralysé la capitale, où banques et administrations sont fermées. Des pénuries de carburant et d'électricité ainsi que des coupures d'eau empoisonnent la vie quotidienne des habitants Escalade à Benghazi Parallèlement au chaos qui règne à Tripoli, la ville de Benghazi connaît de nouveaux troubles: Après plusieurs jours d'affrontements dans cette ville de l'est du pays, berceau de la révolte contre le régime Maamar El-Gueddafi, une coalition de groupes armés +le Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi+ s'est emparé mardi soir du quartier général (QG) des forces spéciales. Cette brigade de l'armée régulière a annoncé il y a quelques mois son soutien aux opérations du général dissident Khalifa Haftar, sans toutefois se placer sous son commandement. Ce général à la retraite mène depuis le 16 mai une offensive contre les groupes armés, qu'il qualifie de "terroristes", à Benghazi. Une source militaire a confirmé la chute de la base dans cette deuxième ville de Libye, aux mains de ces groupes, dont +Ansar Asharia+. Le Croissant rouge libyen a annoncé avoir retiré 35 corps de soldats de la base, affirmant qu'il y avait plus de cadavres mais sans pouvoir donner un bilan global précis. Depuis samedi, les combats entre milices et forces armées dans plusieurs secteurs de Benghazi dont celui de la base ont fait quelque 90 morts, parmi lesquels les 35 victimes dont les corps ont été retiré mercredi, selon un bilan provisoire fourni par des sources médicales locales. Mais dans la soirée de mercredi, des dizaines de manifestants ont réussi à chasser pacifiquement les membres du +Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi+ de l'hôpital Al-Jala de Bengahzi qu'ils contrôlaient, selon des médias. Réunion d'urgence samedi du nouveau parlement libyen Face à l'anarchie qui règne dans le pays où les autorités peinent à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-rebelles qui font la loi, le nouveau Parlement issu des élections du 25 juin dernier a décidé de se réunir d'urgence samedi à Tobrouk, avançant de 48 heures la séance inaugurale prévue le 4 août à Benghazi, selon le député Abou Bakr Biira. Mais le président du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant, Nouri Abou Sahamein, a maintenu l'invitation de la nouvelle Chambre des représentants à une première réunion le 4 août, cette fois-ci à Tripoli au lieu de Benghazi en raison de la situation qui y prévaut. En réaction à cette confusion, M. Biira a indiqué que les élus tenaient à se réunir samedi, "sans prendre compte de l'invitation du président du CGN dont le mandat a expiré". La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises le nouveau Parlement à se réunir rapidement, dans l'espoir de remettre de l'ordre dans les institutions de l'Etat et former un nouveau gouvernement. Par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l'Algérie a appelé l'ensemble de la communauté internationale à se mobiliser face à la détérioration de la situation en Libye, et à aider ce pays à "relever tous les défis qui l'assaillent". "L'Algérie mène des consultations avec les autres pays voisins de la Libye en vue de la conjugaison des efforts pour aider l'Etat et les forces patriotiques à faire prévaloir les intérêts supérieurs du peuple libyen frère dans ces circonstances décisives de son Histoire", a souligné mercredi M. Lamamra dans une déclaration à l'APS. Départ en masse de ressortissants étrangers En raison de l'insécurité dans le pays, surtout dans la capitale, plusieurs Etats étrangers, notamment occidentaux, ont évacué mercredi leurs ressortissants ou personnel diplomatique. Ces dernières 24 heures, une cinquantaine de Français et de Britanniques ont été évacués par bateau du fait du chaos qui règne dans la zone de l'aéroport de Tripoli. Paris avait déjà demandé lundi à ses ressortissants en Libye, moins d'une centaine, de quitter le pays devant la détérioration de la situation sécuritaire. Plusieurs autres pays européens, dont l'Allemagne, les Pays-Bas l'Italie et Malte, ont également enjoint à leurs ressortissants de quitter le pays. Les Etats-Unis, dont l'ambassade est située sur la route de l'aéroport, ont évacué leur personnel diplomatique samedi par voie terrestre, sous une couverture aérienne. Face à ces départs, le ministère libyen de la Santé a mis en garde contre une pénurie de personnel médical, notamment après l'annonce des Philippines de l'évacuation de leurs ressortissants, dont 3.000 médecins et infirmiers.